Sur le front de l’adoption

Confier un enfant à l’adoption ne suffit pas à assurer son bonheur. Ni celui des parents qui l’accueillent. Pourtant, la question des difficultés à faire famille dans le cadre adoptif a longtemps été occultée. Mettre au jour ces affiliations problématiques et les facteurs qui contribuent à en rendre compte constitue le cœur de la recherche-action présentée dans cet ouvrage collectif dirigé par Catherine Lenzi et Sylvie Poizat, sociologues et formatrices à l’Institut régional et européen des métiers de l’intervention sociale (IREIS) Rhône-Alpes. Réalisée par l’IREIS à la demande du conseil général de l’Ain, cette étude porte sur la totalité des adoptions difficiles de la période 1989-2009 dont les professionnels du service adoption ont eu connaissance. Cela représente un très petit nombre de situations – 23 –, alors que la moyenne d’enfants adoptés sur la période est de 46 par an. Les motifs d’échec pointés par ce travail dépassent largement le cadre du département. En effet, il n’y a pas que dans l’Ain que les candidats à l’adoption attendent environ cinq ans avant d’accueillir un enfant dont le profil s’éloigne significativement de leur projet initial, notamment sous l’angle de l’âge et/ou de l’état de santé. D’où l’intérêt, également national, des modifications de pratiques d’accompagnement pré et post-adoption qui sont préconisées pour prévenir les difficultés des nouveaux parents. Certaines sont déjà mises en œuvre dans le département. Ainsi, une formation expérimentale des demandeurs d’agrément aborde les enjeux psychoaffectifs de l’adoption et les besoins spécifiques des enfants adoptés en termes d’attachement.