Aldo est infirmier en soins palliatifs, jusqu’au jour où son hôpital ferme et qu’il ne retrouve pas de travail à Paris au motif qu’il est… belge. Le film Indésirables est tourné en noir et blanc et se déroule à une période indéfinie. Le reste est-il réaliste ? Le jour où, pour pouvoir payer leurs factures, Aldo et Lucie prennent deux colocataires aveugles, leur vie va changer. Vanessa proposera d’abord de l’argent à Aldo en échange de quelques attouchements. Sollicitation à laquelle Aldo ne résistera pas. Très vite, Serguei lui suggère de rencontrer d’autres amis handicapés en manque d’amour. « Ce serait honorable de ta part d’aider ces personnes », lui glisse-t-il avec une pointe de perversion. Passent alors dans le lit d’Aldo, contre rémunération, de jeunes femmes infirmes moteurs cérébrales ou délirantes ainsi qu’un homme trisomique.
La volonté du réalisateur Philippe Barassat a été que ces rôles soient tenus par de véritables handicapés. Avec la conviction « qu’ils apporteraient une poésie au film qu’un acteur qui resterait dans l’imitation ne pourrait pas apporter ». Philippe Barassat aborde ici le thème sulfureux de l’assistanat sexuel sans porter de jugement. Son héros, Aldo, semble étranger à toute interrogation. Que ressent-il ? Fait-il l’amour à ces corps abîmés uniquement pour l’argent ? Son personnage reste étonnamment neutre et lisse. Quant à sa compagne, ignore-t-elle ce qui se passe dans la chambre d’amis pendant qu’elle s’absente, ou ferme-t-elle sciemment les yeux ? Et les personnes handicapées ? Elles semblent devenir dépendantes de leur désir envers Aldo.
Mais elles ne sont pas uniquement reconnaissantes du plaisir qu’il leur apporte, elles sont aussi envieuses de sa validité. Il est intéressant de noter que le titre d’origine du long métrage était Les dépravés… Un jour, les résidents du foyer de vie proposent à Aldo 2 000 € pour qu’il se mette dans leur peau. Ils s’amusent à le revêtir d’un lourd corset, d’un masque pour lui cacher la vue et d’orthèses de jambe. Le jeune homme ne sortira pas indemne de cette expérience.
Pour le réalisateur, membre du Syndicat du travail sexuel (Strass), « se donner à des personnes qui ne se trouvent pas forcément être l’objet de nos désirs est un angle passionnant ». Il considère que son film parle plus de prostitution que de handicap. Ce long métrage résonne avec Je n’accepterai aucune assistante sexuelle si lui faire l’amour ne la fait pas elle-même trembler de plaisir (Ed. FLBLB), l’essai récemment paru de Rémi Gendarme, lui aussi réalisateur et handicapé moteur.
Indésirables
Philippe Barassat – 1 h 36 – En salles le 18 mars