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Dignité se veut un « contre-pouvoir » pour les personnes accueillies

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Créé le 8 janvier dernier, le collectif Dignité réunit des personnes accueillies en Ile-de-France en centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), en centre d’hébergement d’urgence (CHU), en pension de famille ou vivant à la rue. Sébastien Frutieaux, son président, explique pourquoi ces citoyens se mobilisent pour porter une parole collective au sein de leurs structures, mais aussi auprès des pouvoirs publics.
La loi du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale puis la loi « ALUR »(1) ont valorisé la participation des usagers dans les établissements. Ce n’est pas suffisant, selon vous…

Non, il s’agit d’améliorations de vitrine. Nous avons l’impression que beaucoup de chefs d’établissement ont mis en place des conseils de la vie sociale (CVS) uniquement par obligation. Force est de constater que ces espaces ne sont que très rarement représentatifs et qu’ils ne permettent pas que les questions essentielles pour la vie des résidents y soient abordées, et surtout y trouvent des solutions. Ces questions – vie du centre, contrats, règlement intérieur, habitat-urbanisme, santé, insertion-emploi, violences, suicides, décès… – ne peuvent trouver de solutions sans la participation réelle des principaux concernés. J’ai moi-même présidé, pendant 18 mois, un CVS dans le CHRS qui m’hébergeait et j’ai constaté que ma présence ne servait pas vraiment. Seuls les travailleurs sociaux étaient attentifs à nos propositions tandis que la direction estimait que nous avions besoin d’être accompagnés pour accomplir cette mission. C’est faux, les personnes accueillies n’ont pas besoin d’être encadrées pour exprimer leurs idées ou pour livrer leurs expériences. Aujourd’hui, nous, citoyens vivant dans des structures d’hébergement, voulons donner à la participation sa vraie place afin de contribuer concrètement à la défense de nos intérêts, au développement de nos droits et à l’amélioration de nos conditions de vie.

N’est-ce pas le rôle des conseils consultatifs régionaux des personnes accueillies (CCRPA)?

Ces instances récemment créées montrent que des efforts sont faits pour associer les personnes accueillies à l’élaboration des politiques publiques. Mais ces CCRPA ne permettent pas vraiment, par leur mode de gouvernance descendant, qu’elles puissent produire une parole collective des personnes concernées et peser réellement sur ces différentes politiques. Par ailleurs, les CCRPA devaient accompagner le développement des CVS et nous constatons que rien n’a vraiment changé depuis 2011. Quant au huitième collège du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, qui compte des personnes en situation de précarité, c’est selon nous un outil trop technique, dont nous n’attendons pas grand-chose. Dignité se veut un contre-pouvoir pour que ça bouge. Le collectif s’est créé indépendamment de toute structure et de tout financement d’Etat.

Qu’attendez-vous du soutien du collectif « Pouvoir d’agir »(2)?

Dignité mène une réflexion citoyenne commune avec ce collectif – dont je suis membre du comité de pilotage – qui œuvre pour que le pouvoir d’agir des citoyens soit au cœur des politiques publiques. C’est lui qui nous a incités à lancer des actions comme la première rencontre inter-CVS d’Ile-de-France, prévue le 23 mai, ou le pique-nique de la dignité, le 28 juin. Nous pensons que tous les CVS – sans cloisonnement par associations – doivent pouvoir se rencontrer pour évoquer ensemble leurs problèmes et leurs solutions. Il y a forcément des choses à prendre des uns et des autres !

Quelles sont vos revendications ?

En priorité le renforcement des CVS dans les structures. Dignité peut les accompagner dans leur création, leur dynamisation et leur animation. Tous nos membres sont formés à l’approche communautaire, à la participation ou aux droits et devoirs des personnes accueillies et certains siègent dans des conseils d’administration(3). Nous allons agir pour que ces CVS servent d’appui pour toutes les questions liées à la vie des centres. C’est le point d’entrée pour la défense et le développement des droits des usagers. A l’approche de la fin de la trêve hivernale, cela devient urgent.

Notes

(1) Voir ASH n° 2861 du 23-05-14, p. 41.

(2) Voir ASH n° 2695 du 4-02-11, p. 28.

(3) Sébastien Frutieaux siège au conseil d’administration de la FNARS Ile-de-France.

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