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Travailler en couple

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Accueillir en couple complique la séparation entre l’intime et le professionnel. Et favorise la répartition sexuée des tâches domestiques.

Certains permanents de lieux de vie et d’accueil (LVA), souvent les fondateurs du lieu, sont des couples dans le travail comme dans la vie. C’est le cas d’Hélène et d’Alain Souchay, qui ont ouvert l’accueil de Brox (Aveyron) en 1981 et n’ont toujours travaillé qu’à deux. Pour un couple qui vit en lieu d’accueil, le mélange d’intime et de professionnel peut être compliqué, témoigne Hélène Souchay – toute récente retraitée. « C’était surtout le cas quand nos enfants étaient petits et que les personnes accueillies habitaient dans notre maison, et pas comme aujourd’hui dans un bâtiment situé à 50 mètres. Il faut être constamment vigilant, à la fois parce qu’en étant tout le temps ensemble on ne voit plus l’autre, ou uniquement en position professionnelle, et parce que nous devons nous méfier de cette capacité des jeunes à occuper tout notre espace intérieur. ». Aussi les Souchay s’étaient-il donné une règle : ne plus parler d’accueil une fois passé le seuil de la chambre. « Nous formons un couple un peu conflictuel et les adolescents s’emparent de ce trait pour nous mettre en rivalité : ils s’engouffrent de façon massive dans nos failles et savent très bien frapper là où nous sommes fragiles. » En outre, « dans les LVA où il y a un couple, on retrouve le schéma familial classique, avec une distribution très traditionnelle des rôles homme-femme. Aux femmes, l’intendance, la beauté des lieux, la nourriture, le linge », analyse Hélène Souchay. Cela ne semble pas être le cas dans les lieux où les accueillants ne sont que des partenaires de travail.

Au Roucous, autre lieu de vie et d’accueil pionnier de l’Aveyron, quatre permanents – deux femmes et deux hommes – travaillent en binômes mixtes pour que le féminin et le masculin fassent partie des repères des enfants et adolescents confiés. Ces professionnels mettent « un point d’honneur à ce qu’il n’y ait pas de répartition sexuée des tâches » dans leur couple éducatif, expliquent Céline Boulenc et Morgan Le Mestre, les deux plus jeunes recrues, respectivement âgées de 28 et 26 ans. Autrement dit, les hommes ne s’occupent pas de remplir la piscine ou d’apporter du foin aux chevaux et les femmes du linge et de la cuisine. « Si je dois soulever une caisse de 20 kilos, je ferai peut-être appel à mon collègue masculin, sinon, nous faisons tous la même chose : activités domestiques, comptabilité, gestion, relations avec les partenaires du lieu, etc., tout le monde doit savoir tout faire », déclare Céline Boulenc. Qu’en est-il, par ailleurs, pour faire soi-même famille quand on est une jeune femme travaillant en LVA ? Céline Boulenc et son compagnon – qui exerce à l’extérieur une activité professionnelle – ont construit une spacieuse yourte contemporaine (avec salle de bains, cuisine, etc.), qui est installée non loin de la maison d’accueil originelle. La jeune femme dort chez elle quand elle n’a pas de nuits à assurer sur place. « Souvent mon conjoint partage les repas avec nous, les permanents et les enfants. Quant à notre bébé, en nourrice à mi-temps, c’est le premier enfant à être né sur le lieu et son arrivée a beaucoup apporté à certains jeunes accueillis. » Par rapport aux maisons d’enfants à caractère social (MECS) où cette monitrice-éducatrice a exercé avant d’intégrer le LVA, les relations aux autres sont évidemment beaucoup moins distanciées. Pour l’heure, ce qui se passe au Roucous leur convient, à elle et à son conjoint. Cependant, « est-il possible d’amener autant de personnel sur ce lieu ? Je suis dans le questionnement », reconnaît la professionnelle.

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