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« Les médiateurs scolaires ont trouvé leur place de tiers facilitateurs »

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France médiation, qui fédère 70 structures de médiation sociale, a mené entre 2012 et 2014 une expérimentation nationale de médiation sociale dans des établissements scolaires. Son directeur, Laurent Giraud, défend l’intérêt de mettre à disposition de la communauté éducative et des acteurs de la ville des professionnels formés à l’écoute, au dialogue et à l’apaisement des tensions.
En quoi a consisté l’expérience de médiation en milieu scolaire ?

Depuis plusieurs années, des structures de médiation sociale ont mis en place différents types d’intervention en partenariat avec des établissements scolaires : médiation aux abords des établissements, médiation école-famille, médiation par les pairs. En avril 2012, France médiation a répondu à un appel à projets du Fonds d’expérimentation pour la jeunesse sur la lutte contre le harcèlement et les violences à l’école : à partir de l’expérience de nos adhérents, nous avons construit un dispositif global de médiation sociale en milieu scolaire afin de prévenir les violences et les conflits au sein et aux abords des établissements, de faciliter le dialogue entre personnels éducatifs et parents et de lutter contre les décrochages scolaires. Pour ce dispositif expérimenté dans 40 sites couvrant 156 écoles élémentaires et collèges (dont 40 dans la région Nord-Pas-de-Calais) pendant 18 mois, nous avons recruté 40 médiateurs sociaux que nous avons formés aux fondamentaux du métier et aux spécificités du milieu scolaire. Leur fiche de poste a été réalisée avec l’Education nationale pour bien définir les complémentarités avec les autres professionnels – assistant de service social scolaire, conseiller principal d’éducation, chef d’établissement… Chaque médiateur a travaillé sur l’amélioration du climat scolaire en se centrant sur la lutte contre le harcèlement et le repérage des difficultés sociales pouvant mener à une rupture. L’objectif était aussi de valoriser le comportement citoyen des enfants en les formant eux-mêmes à la médiation.

C’est-à-dire ?

Dès la création de l’association en 2008, nous avons invité Eric Debarbieux, spécialiste de la violence en milieu scolaire, à réfléchir à nos côtés pour travailler sur cet enjeu sociétal. Selon sa préconisation de développer la médiation par les « pairs », les médiateurs sociaux transmettent leurs savoir-faire à travers sept modules de formation à des élèves volontaires, afin qu’ils interviennent eux-mêmes lors de conflits mineurs entre leurs camarades. Apprendre le dialogue et l’écoute de l’autre, le respect de la différence… Devenir médiateur-élève est très valorisant pour l’estime de soi.

Quel est le bilan de l’expérimentation ?

Il est positif dans 80 % des sites : le climat scolaire est plus serein, il y a eu une amélioration du lien entre les établissements et les familles ainsi qu’une responsabilisation des élèves formés à la médiation. N’ayant pas de pouvoir de sanction et n’étant pas membres de l’institution scolaire puisqu’ils sont salariés d’une association de médiation, les médiateurs ont trouvé une place privilégiée auprès des enfants, en tant que tiers facilitateurs. Ils leur accordent du temps lorsqu’ils ont des difficultés relationnelles et ont, en outre, une approche territoriale des problématiques puisqu’ils peuvent sortir de l’établissement, être présents dans les transports scolaires et dans les maisons des jeunes et de la culture et rencontrer les familles… Au terme de l’expérimentation, 23 sites ont pu pérenniser le dispositif et une vingtaine d’autres se sont montrés intéressés. Ce qui montre l’intérêt pour une politique de prévention sociale et éducative.

Quelles sont vos revendications ?

Nous menons actuellement un travail de capitalisation de cette expérience, afin de trouver un modèle économique pour sa généralisation. Par ailleurs, il est nécessaire de développer et de professionnaliser le métier de médiateur social. Des titres de niveau V existent, mais nous voulons la création d’un diplôme d’Etat de niveau bac + 2, voire bac + 3 et, pourquoi pas, intégrer cette formation dans la filière professionnelle des métiers de l’intervention sociale. Par ailleurs, nous souhaitons décloisonner les actions de médiation sur les territoires. Au lieu de s’inscrire dans la commande particulière d’un ou plusieurs financeurs spécialisés dans un champ – espace public, habitat social, transports –, les 12 000 médiateurs recensés sur le plan national pourront alors mobiliser l’ensemble des leviers de la médiation sociale et augmenter ainsi son impact.

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