Au regard des principaux indicateurs de santé – mortalité, espérance de vie à la naissance ou à 65 ans, mortalité cardio-vasculaire… –, « l’état de santé en France se révèle globalement favorable, comparé aux autres pays développés », indique la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) dans son sixième rapport sur l’état de santé de la population en France, publié le 12 février(1). Au-delà de ce bilan globalement satisfaisant, la DREES fait cependant le constat de « disparités sociales importantes et qui persistent ». Ainsi, à âge et à sexe égaux, « l’existence et l’importance des problèmes de santé sont d’abord liées à la position sociale et au niveau d’études » – ce qu’on appelle le « gradient social de santé » : on observe en effet une « diminution graduelle » du risque en matière de santé en montant dans la hiérarchie sociale, et cela « sans aucun effet de seuil ».
Parmi les hypothèses avancées sur les causes de ces inégalités : les conditions de vie et notamment de travail, les modes de vie et comportements à risque, l’effet de la structure sociale, mais également le rôle du système de santé et de soins. Pour autant, « aucune de ces hypothèses ne suffit à elle seule à expliquer le phénomène, qui résulte à l’évidence de causalités combinées », analyse la DREES. Ce sont ainsi souvent les mêmes populations, les moins favorisées, qui cumulent les expositions aux différents facteurs de risque pour la santé, que ce soit dans l’environnement professionnel ou familial, et qui ont le plus souvent les comportements défavorables à la santé. Ces inégalités « s’inscrivent avant même la naissance, au cours de la grossesse, entraînant un taux de prématurité et de petit poids de naissance plus important chez les femmes membres des foyers dont les revenus sont les plus faibles » et elles continuent à être observées à tous les âges de la vie. Par ailleurs, des indicateurs de santé plus spécifiques mettent en évidence ces inégalités : les difficultés pour la vision de près sont par exemple en partie liées à des facteurs socio-économiques, la participation aux dépistages des cancers peut également dépendre de variables socio-économiques et certaines complications du diabète sont plus fréquentes chez les personnes socio-économiquement défavorisées.
Parmi les autres thématiques abordées par la DREES : la santé mentale. Si « le diagnostic et la prise en charge précoce des troubles permettent de diminuer les répercussions de ces pathologies sur la vie de l’individu et de ses proches », ces principes se heurtent à deux limites principales : tout d’abord, la difficulté, pour les médecins généralistes, à diagnostiquer ces maladies et l’insuffisance du recours aux soins des personnes concernées. Par ailleurs, « le manque de données socio-économiques disponibles dans les bases de données existantes ne permet pas actuellement le suivi de la précarisation des personnes souffrant de pathologies psychiatriques ». La DREES rappelle en outre que les troubles psychotiques peuvent altérer la capacité des personnes à consentir, « de façon libre et éclairée », aux soins qui leur sont proposés, entraînant des « ruptures de soins préjudiciables ».
(1) En ligne sur