Esquisse d’enfants au foyer

Le nouveau a de grosses lunettes et une casquette de base-ball enfoncée sur la tête – « Trop la tronche d’un premier de la classe », lance Junsuke. Le bizut du foyer du Kansai s’appelle Sei, et il sera vite intégré aux autres enfants de cette maison d’enfants japonaise. Dans les premières pages du manga Sunny, Sei est persuadé qu’il ne restera pas bien longtemps dans l’établissement, mais les autres résidents le convainquent bien vite que ses parents ne reviendront jamais le chercher…Parmi eux, il y a Haruo, le leader aux cheveux blancs, Kiko, la coquette, Junsuke, le rouquin, Taro, l’« attardé » obèse, et le tout jeune Shosuke, toujours à la recherche d’un trèfle à quatre feuilles qui lui portera chance. Pour s’éloigner des éducateurs, ces enfants se réfugient dans une vieille berline jaune abandonnée dans le jardin du foyer. Dans cette « base secrète, interdite aux adultes » baptisée Sunny, ils s’inventent des histoires. « Tu t’assieds ici, tu fermes les yeux et tu imagines l’endroit où tu veux aller », explique Haruo à Sei. Sans surprise, le nouvel arrivant s’imagine retourner dans son quartier de Yokohama… A travers des chapitres aux intrigues distinctes, on saisit le côté canaille de cette communauté. Mais en dehors des scènes du quotidien, notamment celles qui se déroulent à l’école ou lors du pseudo-conseil de la vie sociale, l’auteur Taiyou Matsumoto – qui se lance avec Sunny dans un nouveau projet en plusieurs tomes inspiré de sa jeunesse en orphelinat – glisse également des moments de spleen. Le mal-être de ces enfants saute aux yeux quand Haruo confie qu’il n’a pas hâte de revoir sa mère, qui lui rend visite trois fois par an, tant il appréhende leur séparation. Comme tous les mangas, Sunny se lit de droite à gauche. Contrairement aux autres bandes dessinées japonaises, il a été écrit par un auteur qui se dit fortement influencé par la bande dessinée franco-belge. Avis aux amateurs de ce curieux combo.