Trois ans après avoir lancé l’expérimentation des médiateurs santé-pairs en psychiatrie dans trois régions, le centre collaborateur de l’organisation mondiale de la santé (CCOMS) appelle à « poursuivre ce programme dans les régions et établissements volontaires et à pérenniser ce nouveau métier de la santé ». Le rapport final d’évaluation réalisé par le centre(1) juge en effet que le bilan de ce dispositif – qui vise à intégrer d’anciens patients dans les équipes de psychiatrie – « est globalement positif pour les médiateurs, les patients, les équipes de soins et les porteurs de projet ». Cette conclusion rejoint celle du rapport de recherche qualitative réalisé sur cette expérimentation par le Clersé-CNRS(2) de Lille en septembre dernier, sur lequel le CCOMS s’est appuyé. Le Clersé avait dressé un bilan en demi-teinte de l’expérimentation – en montrant comment certains médiateurs n’avaient pas trouvé leur place dans l’équipe, alors que d’autres s’y sentaient « utiles » –, mais avait néanmoins appelé à la poursuivre tout en l’améliorant, notamment en préparant davantage les équipes à l’arrivée de ces nouveaux acteurs(3).
Pour le CCOMS, le rapport du Clersé a montré « la faisabilité de l’intégration de pairs-aidants professionnels » dans des équipes de services de psychiatrie, et que cette participation permettait « une nouvelle réflexion et un nouveau débat dans les équipes sur la maladie et les pratiques de soins, sur le vécu des patients par rapport au soin et au rétablissement et qu’une certaine qualité de relation médiateurs-usagers était possible ». Il précise que sur les 29 médiateurs recrutés en 2010, 16 sont toujours en poste, six ont commencé une autre activité professionnelle, trois ont repris des études, deux ne travaillent pas et quatre ont arrêté au début du programme à cause de la résurgence de leurs troubles.
Pour améliorer le dispositif, le CCOMS livre une série de recommandations en matière de choix des établissements participants, de recrutement et d’accompagnement des médiateurs et de suivi du programme. Concernant l’emploi et le statut des médiateurs, les auteurs invitent notamment à pérenniser la formation au niveau bac + 2 avec une possibilité d’entrée en formation par la validation des acquis de l’expérience et la validation des acquis professionnels et personnels, et à fixer les rémunérations sur la grille de salaires des animateurs socioculturels. « S’il est encore trop tôt pour envisager la dissémination des médiateurs santé-pairs, nous espérons faire émerger d’autres initiatives », indique Bérénice Staedel, chargée de mission sur ce programme au CCOMS, qui précise que plusieurs hôpitaux ont déjà contacté le centre pour avoir des informations sur ce dispositif.
(1) Disponible sur
(2) Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques.
(3) Voir ASH n° 2876 du 26-09-14, p. 13. L’URC Eco (unité de recherche clinique en économie de la santé d’Ile-de-France) de l’AP-HP a également mené une recherche quantitative sur cette expérimentation et rendra ses conclusions en juin 2016.