Dans le cadre de la « grande mobilisation de l’école pour les valeurs de la République », les travailleurs sociaux souhaitent que leurs missions soient reconnues et valorisées. Ce plan a été présenté par la ministre de l’Education nationale le 22 janvier dernier(1) – quelques jours après les attentats et les incidents qui ont suivi dans certaines écoles – et veut associer l’ensemble de la communauté éducative, dont le secteur social.
Ecole et éducation spécialisée devraient davantage se rapprocher « dans l’intérêt des enfants, notamment parce que les actions qui portent sur l’éducation sont des facteurs importants de réduction des inégalités scolaires », défend ainsi l’ONES (Organisation nationale des éducateurs spécialisés). Alors que des coopérations existent déjà entre l’institution scolaire et la prévention spécialisée(2), elle propose qu’elles soient formalisées et pérennisées. Les éducateurs de prévention spécialisée devraient occuper dans les établissements scolaires un « rôle tiers » auprès des élèves comme des parents, « une place d’interlocuteur privilégié », partie intégrante de l’équipe pédagogique et du projet d’établissement, tout en restant sous la responsabilité hiérarchique du responsable de la structure dont ils dépendent, explique l’association. Les éducateurs peuvent contribuer à « agir en prévention des risques de décrochage scolaire sans conditionner pour autant cette action à l’entrée des jeunes dans un dispositif éducatif spécifique », précise-t-elle. « Le travail en équipe et en réseau, la participation de l’enfant au sein de l’établissement, une approche continue entre instruction, éducation et culture sont des facteurs de réduction des perte de chances », tout en faisant émerger l’expression et les « potentialités ». Cet « étayage éducatif » favoriserait « l’apprentissage de la citoyenneté, le vivre-ensemble, la formation à l’esprit critique et le développement de l’empathie, notamment pour lutter contre les phénomènes de violence, de discrimination et de stigmatisation ». Cette participation des éducateurs devrait prendre à ses yeux la forme d’espaces et de temps d’échanges avec les enfants et les parents, ou s’inscrire dans les programmes de réussite éducative. Au-delà de cette proposition, l’ONES attend de l’Etat « un signe fort en direction des collectivités territoriales pour que soit assurée la pérennité des services de prévention spécialisée, acteurs majeurs de terrain ». Des propositions largement partagées par le Comité national de liaison des acteurs de la prévention la prévention spécialisée (CNLAPS), qui a organisé fin novembre dernier, à Hyères (Var), une journée d’études régionale sur la prévention spécialisée et le décrochage scolaire. Le CNLAPS plaide pour l’instauration d’une convention cadre avec l’Education nationale, qui définirait les modalités de partenariat avec le secteur et ses moyens.
De leur côté, cinq organisations syndicales – le Syndicat national des assistants sociaux de l’Education nationale-UNSA, la CGT Educ’Action, la Fédération nationale de l’enseignement, de la culture et de la formation professionnelle-FO, le Syndicat national unitaire des assistants sociaux de la fonction publique-FSU et SUD Education – demandent audience à la ministre de l’Education nationale. Alors que le gouvernement affirme « que la lutte contre les inégalités sociales est une priorité et l’école est un lieu privilégié d’éducation à la citoyenneté, les services sociaux, qualifiés pour y participer, sont encore fragilisés », soulignent les organisations. La circulaire des missions des assistants de service social de l’Education nationale, qui découle du chantier sur les métiers ouvert par le ministère il y a un an, « est encore en ré-écriture », indiquent-elles. Or celle-ci « prévoit l’intervention des assistants de service social dans les écoles du premier degré, sans création de moyens supplémentaires ». Les organisations demandent que des discussions soient engagées sur des créations de postes.
(1) Voir ASH n° 2895 du 30-01-15, p. 9.