Un lycée pas comme les autres

Au cœur d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), se trouve un lycée unique en son genre, ouvert depuis 2011 : l’institut hospitalier soins-études pour adolescents (IHSEA). Il accueille 36 élèves en grande souffrance psychique, mais ayant toujours le goût des études. Nassim, Cyril, Camille et les autres fréquentent cet établissement depuis un, deux ou trois ans, souvent après une hospitalisation, toujours après avoir abandonné le système scolaire classique. « J’avais besoin d’un milieu plus sécurisé et plus sécurisant », explique Cyril. Dans l’émission de France Culture consacrée au dispositif, Camille, 17 ans, nous fait visiter les lieux. Pour elle, c’est une vraie chance d’être à l’IHSEA. « Je voulais plus sortir de chez moi, je mangeais plus, je dormais plus avant de venir ici. » A son arrivée à Aubervilliers, ce qui l’a avant tout impressionnée, c’est le silence, la sérénité. Elle y apprécie aussi la proximité avec les adultes. « Tous les professionnels sont là pour nous, les médecins, les infirmiers, les professeurs. Le matin, pour moi, c’est important de voir leurs sourires. » L’adolescente assure que cette prise en charge sur mesure – alternant dans une même journée soins médicaux et paramédicaux, consulations psychothérapeutiques, cours en classe à effectif réduit, activités physiques – l’a aidée à reprendre confiance en elle. Augmentation des difficultés scolaires, absentéisme, toxicomanie, fatigue, agressivité, autant de signaux d’alerte qui peuvent être un indice des débuts d’une schizophrénie, mais que l’institution scolaire ordinaire peine à décrypter. C’est le manque criant d’alternatives à l’hospitalisation qui a poussé le pédo psychiatre Yves-Claude Stavy à inventer cet espace où les adolescents peuvent continuer à « circuler dans le monde ». Ce projet pilote est donc né d’une impasse : ces jeunes étaient ballottés entre des hospitalisations à répétition et une scolarité hachée. A l’IHSEA, ils mènent un parcours quasiment classique jusqu’à l’obtention du bac.