« Vous restez avec moi. Jusqu’à présent, je vous ai fait grandir », martèle le père de Spartacus et Cassandra. Ces deux jeunes Roms de 10 et 13 ans, arrivés il y a quelques années en France, sont tiraillés entre ce père qui refuse qu’ils soient scolarisés et leur « bonne étoile », Camille, 21 ans, qui les a pris sous son aile. En raison des violences parentales, la justice a décidé qu’elle s’occuperait d’eux le temps qu’on leur trouve une famille d’accueil. Mais la séparation avec leur père maltraitant n’est pas simple. Bien intégrés, parlant parfaitement français, les enfants ont souvent l’impression d’être « les parents de leurs parents », comme le clame Cassandra lors d’une conversation téléphonique avec son géniteur. « Pourquoi ne cherches-tu pas un travail au lieu de faire la manche ? », gémit-elle, regrettant que ses parents aient « toujours été dans la merde ». Spartacus est plus partagé… Ne vaudrait-il pas mieux suivre son père, qui a des « projets » en Espagne, plutôt que d’aller vivre chez des inconnus ? « Je m’appelle Spartacus, ma vie est comme des montagnes russes », chante-t-il dans un rap de sa composition. Spartacus et Cassandra est un documentaire. Filmé avec grâce par un jeune cinéaste qui s’est immergé pendant trois ans sur des terrains rom de Seine-Saint-Denis, il suit le parcours très chaotique des deux préadolescents – chez le juge, auprès de leurs parents, à l’école… – et leur évolution psychologique. Qu’est-ce qui est le meilleur pour Spartacus et Cassandra ? questionne-t-il. Tout est montré à hauteur d’enfant, jamais du point de vue du père ou de Camille, cette trapéziste passionnée de culture tzigane. L’histoire de ce long métrage soutenu par Amnesty International débute quand elle décide d’héberger les deux frère et sœur à Saint-Denis… et se termine quelques mois plus tard à la campagne, où elle leur propose une nouvelle vie. Se débarrasseront-ils là de leur étiquette de Roms et de leur mésestime d’eux-mêmes ?
Spartacus et Cassandra
Ioanis Nuguet – 1 h 20 – Sortie le 11 février