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« TAPAJ amène doucement les jeunes en errance vers le monde du travail »

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A l’occasion du colloque du 27 janvier sur le déploiement national du dispositif TAPAJ (travail alternatif payé à la journée), Nathalie Latour, déléguée générale de la Fédération addiction, décode cette expérimentation qui s’adresse aux jeunes en errance éloignés des dispositifs de droit commun en raison de problèmes psychologiques et sociaux.
Qu’est-ce que TAPAJ ?

Expérimenté au Québec par l’association Spectre de rue depuis 15 ans, le travail alternatif payé à la journée est un programme de réinsertion par le travail pour les jeunes en errance. Il leur permet d’être rémunérés en fin de journée pour une activité professionnelle qui ne nécessite pas de qualification ou d’expérience professionnelle particulière et ne les engage pas sur la durée. Il y a trois ans, le CEID [Comité d’étude et d’information sur la drogue] de Bordeaux, adhérent de la Fédération addiction, s’est emparé de cette expérience afin de l’adapter au contexte français(1). Retenu dans le cadre du plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les conduites addictives 2013-2017 et soutenu par la Mildeca [Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives], TAPAJ s’adresse ici à des jeunes de 18 à 25 ans très marginalisés, consommateurs de substances, qui vivent en dehors de tout système d’aide aux abords des gares et des centres commerciaux et revendiquent ce mode de vie. Les professionnels du CSAPA/Caarud [centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie/centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour les usagers de drogue], qui coordonne TAPAJ, vont au-devant de ce public et proposent aux jeunes – sans aucune condition de changement du mode de vie ni d’arrêt des consommations – de travailler, dans un premier temps un maximum de quatre heures par semaine sur des chantiers (groupes de sept jeunes encadrés par un éducateur) pour des travaux de désherbage, de réaménagement d’espaces verts ou encore de manutention dans les grandes surfaces pour 10 € de l’heure payés en chèque emploi service échangeable immédiatement en liquide à La Poste.

L’engagement est minimal…

Oui, les modalités sont volontairement souples car ces jeunes ont peur de perdre leur « place de manche » et ne veulent pas attendre d’être payés à la fin du mois

Mais même sans contraintes, TAPAJ est un moyen de les amener doucement vers les codes du monde du travail puisqu’ils perçoivent un revenu légal, reçoivent une fiche de paie en fin de mois, construisent de nouvelles relations sociales… Et il ne s’agit là que d’une première phase. Si tout se passe bien, l’éducateur peut envisager la phase 2, consistant en une prise en charge plus poussée avec un contrat de travail allant jusqu’à trois jours avec rémunération en fin de contrat, ainsi qu’une mise à plat de la situation administrative, médicale et sociale.

La phase 3, enfin, consiste en un véritable accompagnement, avec une augmentation du volume horaire travaillé, une expérimentation de chantier autonome avec une association intermédiaire partenaire et l’aide à la recherche d’hébergement.

Les premiers résultats sont-ils positifs ?

Ils sont encourageants. Parmi les 40 « tapajeurs » passés par le programme, certains ont repris des études, d’autres se sont stabilisés dans un emploi. Mais ce n’est pas forcément notre objectif. Nous ne mesurons pas nos résultats qu’à l’aune de la reprise de l’activité économique : si le jeune commence à prendre soin de lui, retrouve une estime de lui et se met dans une dynamique du vivre ensemble, c’est déjà gagné.

Un exemple ? Les « tapajeurs » forment désormais une communauté et alimentent un blog (2). Par ailleurs, leur image a changé dans le regard du voisinage : les habitants, qui ne considéraient ces jeunes que comme des éléments de nuisance, les voient à présent travailler.

Ils ont rénové une grande fresque près de la gare de Bordeaux, aident à ranger les caddies du supermarché…

Quelles sont les perspectives de déploiement du dispositif ?

Nous avons travaillé avec le CEID sur le projet de transférabilité de TAPAJ, avec une méthodologie rigoureuse à destination des porteurs de projet et des entreprises qui s’engagent (pour le moment Orange, la SNCF, Auchan, Vinci, ERDF). Douze villes – parmi lesquelles Paris, Nice, Marseille, Strasbourg et Toulouse – viennent de signer la charte TAPAJ France et vont se lancer dans les prochaines semaines.

Notes

(1) www.tapaj.org – Contact: tapaj@tapaj.org.

(2) http://www.tapaj.org/category/blog.

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