Pour beaucoup de professionnels, religion et travail social s’opposent. Revendiquant haut et fort leur neutralité et leur mission d’intérêt général, les intéressés ne veulent pas se voir renvoyés au passé chrétien du secteur. Ces dernières années, pourtant, le religieux se manifeste de différentes manières dans les institutions sociales et médicosociales. On observe en effet une montée des revendications d’usagers en lien avec la religion dans le cadre de l’accompagnement et/ou de l’hébergement, c’est-à-dire en dehors de l’espace privé – revendications alimentaires, éducatives, vestimentaires… « Dans d’autres cas de figure […], c’est au sein même des équipes de travail » que se pose le problème, notamment du fait de l’émergence d’intervenants issus de l’immigration dont le rapport au religieux peut être différent de celui de leurs collègues, même si leurs positionnements professionnels ne se distinguent pas, constate la sociologue Faïza Guélamine, responsable de formation à l’Association nationale des cadres du social (Andesi). « Garde-fou » face à des situations qui laissent perplexe, la laïcité est un repère incontournable pour les travailleurs sociaux, mais « le contenu qu’ils attribuent à ce principe est souvent relativement flou, voire inopérant », souligne l’auteure. Précisément, le grand intérêt de son ouvrage est d’expliquer clairement en quoi consiste le pacte laïc et comment agir dans les institutions et services pour préserver et promouvoir le vivre-ensemble et les valeurs de pluralisme et d’égalité de traitement. A lire d’urgence en ce tragique début d’année 2015 (voir aussi la tribune libre de Faïza Guélamine et Daniel Verba, ce numéro, page 30).
Faits religieux et laïcité : le travail social à l’épreuve. Repères pour une pratique professionnelle
Faïza Guélamine – Ed. ESF – 15,90 €