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Un public qui se diversifie

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Les accueils de jour reçoivent aujourd’hui des jeunes, des migrants, des familles, ce qui complexifie l’accompagnement.

Les « grands marginaux », leur public historique, seront-ils bientôt minoritaires dans les accueils de jour ? « Ces lieux reçoivent aujourd’hui une population très différente, même si elle reste composée majoritairement de personnes isolées et d’hommes », relève Patrick Chassignet, chargé de l’animation des Boutiques solidarité de la Fondation Abbé-Pierre. Tout d’abord, les personnes de passage sont de moins en moins nombreuses : « Certaines viennent même très régulièrement depuis des années. » A cela s’ajoute le rajeunissement des usagers. Les Boutiques solidarité accueillent désormais un quart de jeunes de moins de 25 ans. Pour certaines, beaucoup plus, comme à Mulhouse où l’accueil de jour géré par l’association Surso (Service d’urgence sociale) reçoit 40 % de 18-25 ans. « Ils sont en rupture familiale, en difficulté par rapport à l’emploi, sans qualification professionnelle ni droit au RSA [revenu de solidarité active], donc sans ressources. Une partie importante d’entre eux étaient auparavant pris en charge par l’aide sociale à l’enfance », explique Anne-Marie Weibel, la directrice. Pour tenter de remédier à la situation, Surso a créé le dispositif Logi-Jeunes, qui permet de mettre à la disposition des jeunes des logements loués à des propriétaires privés ou à des bailleurs sociaux le temps que leur situation se stabilise. « On voit aussi apparaître de plus en plus de mineurs », s’inquiète Christine Régis, responsable d’un accueil de jour à Toulouse.

Autre évolution, l’augmentation des migrants. « Nous recevons beaucoup de personnes d’Europe de l’Est et d’Afrique, mais nous avons aussi perçu l’impact des révolutions arabes et, aujourd’hui, des guerres au Moyen-Orient », explique Morgane Rivière, animatrice dédiée aux accueil de jour du Secours catholique à Paris. Les primo-arrivants entraînent « des difficultés spécifiques compte tenu de la barrière de la langue et du fait qu’ils connaissent très peu le fonctionnement de la société française », poursuit-elle. « A Toulouse, nous accueillons principalement deux types de migrants, observe Christine Régis. Les déboutés du droit d’asile et les primo-arrivants dont certains sont juste de passage alors que d’autres veulent s’installer dans la région. » Christine Régis constate également l’arrivée de migrants, pourtant régularisés en Italie ou en Espagne, qui, du fait de la crise économique dans ces pays, se déplacent en France. Ils sont désormais suivis par des Espagnols et des Portugais. Autre changement qui déstabilise les équipes : l’arrivée de familles avec enfants qui n’ont plus accès aux dispositifs d’hébergement, faute de places. Ou encore « des personnes âgées qui touchent le minimum vieillesse et qui viennent, surtout en fin de mois, pour se chauffer, laver leur linge, prendre un petit déjeuner… Au-delà du lien social, elles trouvent dans les accueils de jour un coup de main et un soutien matériel ponctuel », précise Patrick Chassignet.

Comment continuer à assurer un accueil de qualité lorsque des populations aussi diverses se côtoient ? « Compte tenu de l’hétérogénéité du public, il faudrait mettre en place différents types d’accompagnement, ce que nous construisons progressivement avec d’autres partenaires », souligne Morgane Rivière. « Pour apporter des réponses appropriées à chacun, il est incontournable de développer des partenariats avec des organismes spécialisés – par exemple dans l’accueil des étrangers », renchérit Rachid Benferhat, directeur de territoire à Emmaüs Solidarité. Certaines structures réfléchissent d’ores et déjà à créer des tranches horaires dédiées à certains usagers uniquement – ce qui risque de remettre en cause l’inconditionnalité de l’accueil. D’autres se spécialisent en direction d’un public spécifique – comme c’est déjà le cas pour les familles. Pour ces dernières, des moyens supplémentaires sont toutefois nécessaires, ne serait-ce que pour recruter des professionnels de la petite enfance et adapter les locaux. « Mais on reste encore très démuni : à Paris, il n’y a qu’un seul accueil de jour dédié aux familles », déplore Rachid Benferhat.

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