Qu’il s’agisse de pathologies somatiques ou psychiques, l’abord des maladies n’est pas le même en France et en Afrique. « Dans les sociétés traditionnelles, la maladie est attribuée à une personnalité surnaturelle, comme un ancêtre, des esprits, un dieu », explique brigitte tison, ethnologue, coordinatrice de cet ouvrage collectif. le Français, quant à lui, n’accusera pas le sorcier ou le mauvais sort, mais l’environnement ou le stress, complète l’anthropologue thiédel camara. ces différences d’approche rendent délicat l’accueil de la parole d’un sujet en souffrance issu d’une autre culture que celle du clinicien. le pédopsychiatre Alain targa, médecin chef du secteur sud de l’oise, s’interroge ainsi sur certains suivis problématiques d’enfants issus de populations migrantes. les difficultés rencontrées ne sont pas seulement dues à la complexité de la pathologie présentée par le jeune patient, mais aussi aux relations conflictuelles avec ses parents, pouvant résulter d’une « mécompréhension réciproque, d’origine culturelle, entre les représentations des soignants et celles des familles », analyse Alain targa. d’où l’intérêt du centre de médiation interculturelle créé par son service afin de recevoir les enfants de familles migrantes. Pour les mineurs isolés étrangers, il faut aussi faire des ponts entre ici et là-bas, entre le projet familial au fondement de leur émigration et la réalité qu’ils découvrent en France. cette « remise en sens » du lien aux parents et de leur vécu actuel est indispensable pour que les jeunes négocient entre leurs deux identités tellement différentes, développe juliette leconte, psychologue.
La prise en charge de familles africaines en France et en Afrique.
Regards croisés
Sous la direction de Brigitte Tison – Ed. L’Harmattan – 27 €