Un peu plus d’un cinquième des ménages sont en situation de « vulnérabilité énergétique », selon une étude de l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) publiée le 8 janvier(1). Un phénomène auquel la loi du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement a donné pour la première fois une définition légale : il désigne « une personne qui éprouve dans son logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat ». Dans cette étude, l’INSEE a étendu cette notion aux déplacements en voiture, sachant que, selon le lieu de résidence, ces derniers « peuvent être particulièrement contraints ». Au total, sur les 22 % des ménages résidant en France métropolitaine en situation de vulnérabilité énergétique, 14,6 % le sont pour leur logement et 10,2 % pour leurs déplacements.
L’étude montre en outre que la part des ménages en situation de vulnérabilité énergétique « varie fortement » selon le territoire : relativement faible au sein des pôles urbains, elle augmente significativement lorsque l’on s’en éloigne. Ainsi, « dès la couronne périurbaine, la part de ménages vulnérables dépasse en moyenne 30 %. Elle atteint même 41 % dans les communes multipolarisées et frôle 50 % hors des aires urbaines ». L’activité professionnelle entre également en ligne de compte : par exemple, dans les zones très éloignées des pôles, « exercer une activité d’agriculteur, d’ouvrier, d’employé ou une profession intermédiaire rend davantage vulnérable sur le plan énergétique que si l’on est retraité ou inactif, donc moins contraint de se déplacer ». Enfin, « à côté de la localisation des logements et de leurs performances énergétiques, les caractéristiques des ménages jouent un rôle au moins aussi important en matière de vulnérabilité énergétique », poursuit l’INSEE. Ce sont les personnes seules qui apparaissent les plus exposées (environ un tiers d’entre elles sont en situation de vulnérabilité énergétique), les dépenses énergétiques par personne habitant dans un même logement diminuant, « toutes choses égales par ailleurs », quand augmente le nombre de personnes du ménage. C’est par ailleurs pour les ménages « dont la personne de référence a moins de 30 ans que les cas de vulnérabilité sont les plus fréquents (43,1 %). Toutefois, la catégorie la plus nombreuse est celle des retraités, avec 1,8 million de ménages exposés, soit 21,1 % des ménages retraités ». Parmi les actifs, ce sont les ouvriers qui constituent la catégorie la plus nombreuse à être vulnérable, avec 1,2 million de ménages, soit 26,8 % de cette catégorie sociale. Cependant, les risques les plus élevés s’observent chez les agriculteurs (46,6 %) et chez les chômeurs et inactifs (44,2 %).
Enfin, assez logiquement, « la surface et le combustible du logement jouent fortement sur le risque de vulnérabilité [énergétique] », qui « varie nettement d’une région à l’autre, principalement avec le climat, auquel s’ajoutent l’effet des écarts de revenus et celui des différences de parcs de logements ». Si le mode de chauffage le plus répandu est l’électricité, ce sont les ménages se chauffant au fioul qui sont les plus nombreux à être vulnérables. Mais celui pour lequel la population est proportionnellement le plus souvent en situation de vulnérabilité reste toutefois le gaz en bouteille, souvent associé à la vétusté des logements : 42,4 % des ménages se chauffant ainsi sont vulnérables, contre une moyenne de 14,6 %.
(1) « Loin des pôles urbains, chauffage et carburant pèsent fortement dans le budget » - INSEE Première n° 1530 - Janvier 2015.