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L’Etat va devenir minoritaire dans le capital d’Adoma

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Jusqu’à présent actionnaire majoritaire d’Adoma, l’Etat, qui détient 57 % des parts de son capital, est en passe de céder une partie de sa participation à la Société nationale immobilière (SNI), filiale de la Caisse des dépôts, qui en possède 42 %. C’est ce que les représentants de l’Etat ont annoncé le 12 décembre lors du dernier conseil d’administration de la société d’économie mixte, qui gère 70 000 places de logements très sociaux et d’hébergement (foyers, résidences sociales, pensions de famille, centres d’accueil pour demandeurs d’asile…). Le communiqué diffusé aux salariés le 17 décembre les informant de cette évolution ne précise pas le niveau de la future participation de la SNI, mais indique que l’Etat « restera un actionnaire important d’Adoma, sa participation ne pouvant pas descendre sous le seuil d’un tiers du capital »(1).

Cette décision n’est pas vraiment une surprise. La SNI demande en effet depuis plusieurs années à devenir actionnaire majoritaire d’Adoma, à la suite d’un rapport de 2009 de la mission interministérielle d’inspection du logement social qui préconisait la recapitalisation de la société, dont la situation financière était très dégradée(2). En 2010, cette perspective avait fait bondir les syndicats qui y voyaient « la destruction du secteur du logement social et très social au profit de grands intérêts mercantiles ». Depuis, un plan de restructuration a été mené pour redresser les finances de la société, ce qui a entraîné la suppression de 250 postes (10 % des effectifs)(3).

Aujourd’hui, la direction d’Adoma se félicite des bons résultats de ce plan de redressement et indique qu’« une nouvelle période s’ouvre » pour la société. Dans son communiqué, elle veut rassurer les salariés et précise que « l’opérateur public d’intérêt général demeurera, après cette évolution de son capital, l’opérateur public de référence de l’Etat pour la mise en œuvre de ses politiques publiques en matière de logement très social, de logements accompagnés, d’hébergement et d’accueil des demandeurs d’asile ». Deux milliards d’euros seront investis dans les dix prochaines années pour moderniser les foyers, précise-t-elle. La mission d’origine d’Adoma – le logement des publics migrants – sera « préservée » et « la société poursuivra son développement dans l’accueil, l’hébergement et l’accompagnement des demandeurs d’asile ». Elle veut aussi développer une nouvelle offre de logement au bénéfice des jeunes actifs et précaires. Pour améliorer le pouvoir d’achat des salariés, la direction envisage de conclure un « pacte social » avec les représentants du personnel, qui « constituera la légitime contrepartie de l’engagement renouvelé de chaque salarié à l’amélioration de la performance d’Adoma ».

Opposé à ce désengagement de l’Etat, un « Comité anti-privatisation d’Adoma » vient d’être lancé par plusieurs organisations, dont le Collectif logement CGT et SUD logement social. Selon lui, la Société nationale immobilière veut faire d’Adoma « un instrument de pure rentabilité […] et non plus un outil de politique publique au profit des populations en grande difficulté ». Cette prise de contrôle par la SNI va, selon le comité, se traduire notamment par la dégradation de l’accompagnement social, « considéré comme non rentable » et restreint à « un simple suivi administratif et juridique ».

Notes

(1) La loi de finances rectificative pour 2009, qui a introduit la possibilité de modifier l’actionnariat d’Adoma, prévoit que l’Etat doit conserver au moins un tiers des parts de la société.

(2) Voir ASH n° 2647 du 19-02-10, p. 25.

(3) Voir ASH n° 2703 du 1-04-11, p. 27.

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