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Accompagner les enfants quand les parents vont mal

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Une part significative des placements familiaux concerne des enfants dont le ou les parents souffrent de troubles psychiatriques. Dans ces accueils souvent longs, les professionnels s’emploient à aider les enfants à grandir dans la sécurité et la stabilité sans perdre le lien avec leurs parents.

« A mes débuts dans ce métier si singulier, j’ai pu penser, comme beaucoup de personnes sensées, que le placement suffirait pour que l’enfant soit préservé des effets induits par son immersion dans « la folie » de ses parents ; j’ai pu croire que le jeune ne subirait plus l’impact résultant de ce vécu traumatisant puisque, à la maison, nous allions le sécuriser et le protéger. Il va sans dire que la réalité est tout autre », confiait Margot Coton, assistante familiale dans l’Hérault, lors des journées d’étude de l’Association nationale des placements familiaux (ANPF) sur « Le placement familial à l’épreuve des pathologies psychiques des parents »(1). Dans ces situations, il arrive que les assistants familiaux soient exposés à des « comportements aberrants » de l’enfant, qui met en scène les violences les plus perturbantes de son vécu familial et peut « embarquer chaque membre de la famille d’accueil dans une relation parfois étrange », explique Margot Coton (voir encadré, page 27). Des intrusions directes des parents sont également susceptibles de se produire, comme celles que la professionnelle a connues – coups de téléphone intempestifs, mails insultants, venue à son domicile. C’est dire l’importance du soutien apporté aux assistants familiaux dans ce type d’accueil. « Ils/elles peuvent être confrontés à des troubles de l’enfant qui vont les interpeller, car ils viennent heurter le fonctionnement privé de la famille d’accueil », commente Rachel Chrestien Monteil, chef de service au centre de placement familial spécialisé (CPFS) de la Sauvegarde de l’enfant à l’adulte d’Ille-et-Vilaine. L’unité d’appui aux assistants familiaux de ce service associatif leur propose à la fois un accompagnement collectif par le biais de formations à la systémie et de groupes de parole, et un étayage professionnel individuel au travers d’entretiens avec la psychologue ou le pédo-psychiatre du centre. « Il ne s’agit pas forcément d’apporter des solutions aux assistants familiaux, mais de les aider dans la compréhension de comportements ou de passages à l’acte de l’enfant, ce qui permet aussi une mise à distance difficile à opérer dans le quotidien, et éventuellement un repositionnement par rapport à la situation », explique Rachel Chrestien Monteil. Ces entretiens servent également à éclairer les assistants familiaux sur des manifestations de la pathologie parentale qui peut être « comme un tsunami dans nos maisons, nos vies, l’harmonie intime de nos foyers », selon les mots de Paule Ruiz, assistante familiale dans le Gard.

DES SÉPARATIONS PRÉCOCES

De fait, si la maladie mentale ne rend pas inapte à élever ses enfants, ses conséquences sur leur contexte de vie, surtout en l’absence d’un conjoint ou d’un réseau familial et social aidant, peuvent conduire à une séparation à visée protectrice. Dans les placements familiaux associatifs, entre 30 et 55 % des accueils seraient liés à une pathologie psychiatrique du ou des parents – diagnostiquée ou pas, suivie ou non. Le placement peut intervenir dès le plus jeune âge, voire à la naissance. « On va s’apercevoir très vite des conduites inadaptées des parents et de leurs difficultés à être dans la continuité avec leur enfant », explique Christine Salvat, psychologue à l’association Via Voltaire, qui intervient dans l’accompagnement des assistants familiaux du conseil général de l’Hérault. Dans certaines formes d’atteintes, le fait pour une femme de se retrouver maman est quelque chose d’insupportable, à même de réactiver des symptômes graves et envahissants. « De façon plus générale, en présence de troubles psychiatriques, on peut être à peu près sûr que les placements seront longs, avec des parents qui vont être par intermittence très absents, parce que pris par leur maladie ou par les soins, les hospitalisations, des épisodes plus ou moins aigus qui les empêcheront d’être présents, y compris pour des visites ponctuelles », précise la clinicienne.

A Bordeaux, le service de placement familial de l’Association des œuvres girondines de protection de l’enfance (AOGPE) s’est fait une spécialité de l’accueil de bébés et de très jeunes enfants de parents atteints de pathologies psychiques – des mères essentiellement : ce sont surtout elles qui sont connues du service, les pères ont plus souvent disparu dans la nature. « Au moins la moitié des 200 enfants accueillis ont des parents qui ont des troubles, pas forcément psychiatriques, mais de la pensée », précise Gérard Ouldbabaali, directeur de ce placement familial.

Le service a développé un travail clinique particulier, par le biais des groupes de réflexion, mis en place il y a près de vingt ans. Animés par une psychologue et une médiatrice du service, éducatrice spécialisée de formation, deux « groupes bébé », composés chacun de douze assistants familiaux ayant ou ayant eu l’expérience de l’accueil de nourrissons – parmi lesquels trois hommes –, se retrouvent chaque mois. De là est née une modalité spécifique d’accueil en urgence des tout-petits : les bébés et les moins de 3 ans repérés par la néonatalogie, la protection maternelle et infantile (PMI) ou les travailleurs sociaux de secteur, qui doivent être confiés très rapidement – parfois dans l’heure –, bénéficient d’un sas entre le lieu d’où ils viennent (maternité, service psychiatrique mère-enfant, centre maternel, pouponnière, domicile des parents) et un placement pérenne.

L’objectif est de leur ménager un temps de préparation progressif destiné à leur assurer continuité et sentiment de sécurité. Pendant un mois au maximum, le bébé est accueilli par l’une des cinq familles du service sensibilisées à ce type de travail, qui lui donne les soins adaptés et effectue une première observation. Durant cette période, le placement est préparé du côté de l’enfant, de la famille d’accueil à qui il va ensuite être confié, des parents et du travailleur social référent. Chaque année, 15 à 18 enfants, des tout-petits notamment, sont admis en urgence dans le service.

Le placement familial spécialisé Entr’Actes de la Sauvegarde du Nord accueille également un nombre significatif de jeunes enfants, généralement des 0-8 ans, dont un ou les parents souffrent de troubles psychiatriques et/ou d’addictions (alcool, drogues). A Lille comme ailleurs, les situations « classiques », c’est-à-dire sans problématique trop importante, sont souvent confiées à des assistants familiaux de l’aide sociale à l’enfance (ASE), les plus compliquées étant réservées aux placements associatifs. « Il est vrai que les moyens respectifs des deux catégories d’intervenants ne sont pas les mêmes », fait observer Christian Dehaspe, chef de service de la structure lilloise, coordonnateur de l’ANPF pour la région Nord.

ACCUEIL EN TRIO

A l’ASE du Nord, par exemple, on compte 40 à 45 suivis par éducateur – tous types de prises en charge confondues (enfants en foyer, en famille d’accueil ou à domicile). A Entr’Actes, il y a un référent à temps plein pour 12 enfants et un système d’astreinte permanente des chefs de service. Chaque enfant a une petite équipe autour de lui. « L’enfant qui arrive n’est pas confié à une famille d’accueil, mais à un trio, dont cette dernière fait partie ainsi qu’une éducatrice et une psychologue », précise Christian Dehaspe. Ce collectif de travail se rencontre tous les mois et les équipes disposent par ailleurs d’un espace régulier de réflexion avec le chef de service, ainsi qu’un accompagnement formatif et des supervisions. « Les maladies psychiques sidèrent un peu la pensée, elles font surgir pas mal de choses dans l’imaginaire des uns et des autres », commente Christian Dehaspe. D’autant que, lorsque les troubles du ou des parents ont été clairement diagnostiqués – ce qui n’est pas le cas le plus fréquent –, ce diagnostic n’est pas communiqué au service. Aussi « reste-t-on dans une représentation fantasmatique de la pathologie parentale », ajoute le professionnel, qui pointe les craintes et les préjugés liés à ce type de maladie. On entend par exemple dire : « Si ça ne va pas avec tel enfant, c’est parce que sa mère est parano. » « Eh bien non ! rétorque Christian Deshape. Il faut mettre la pathologie à sa juste place et faire très attention à ce qu’elle n’occulte pas le reste : le contexte de vie des parents, l’assistance médicale, professionnelle, familiale, dont ils bénéficient. » Ou ne bénéficient pas. De fait, les familles dont les enfants sont confiés à Entr’Actes se caractérisent par leur isolement. Il s’agit la plupart du temps de parents très seuls, en grande détresse affective et financière. « Un autre point commun de ces familles est leur déficit d’empathie. Elles se projettent très peu dans l’avenir de leur enfant », note le responsable. A la différence des parents « suffisamment bons », selon l’expression de Winnicott(2), qui souhaitent que leur enfant grandisse et réussisse, elles ne sont pas dans cette anticipation du futur. Leur monde est celui de l’ici et maintenant. « C’est cela que je demande aux assistants familiaux : ayez une envie pour l’enfant, explique le professionnel lillois. L’attachement est du côté de ce portage de l’enfant. »

Dire aux familles d’accueil de ne pas s’attacher lui semble donc une injonction un peu folle et absurde. « Ne pas s’approprier l’enfant, oui ! C’est la confusion qui est destructrice. L’enfant doit être au clair sur qui est la mère dont il est né, mais si l’assistante familiale ne s’attache pas à l’enfant et ses parents non plus, dans quel vide laisse-t-on celui-ci ! », s’exclame Christian Deshape. Dans les situations de placement, les « figures d’attachement sont trop souvent mises en rivalité, alors qu’il faudrait penser l’attachement en termes d’inclusion des uns et des autres, ce qui est possible dès lors que la place de chacun est bien pensée et nommée », commente la psychiatre Frédérique Van Leuven. Ces méprises tiennent à « un manque de connaissance de la maladie mentale, et en particulier de ses conséquences sur l’exercice de la parentalité. »

Rassurer l’enfant et ne pas le laisser dans la solitude, c’est aussi mettre des mots sur les comportements de son ou ses parents qui l’interpellent. « Non pas en lui expliquant que sa mère est schizophrène, ce qui ne lui dira pas grand-chose, mais en reconnaissant que, oui, dans la rencontre, sa maman est un peu particulière, un peu ailleurs, développe Christian Deshape. Il faut que l’intervenant social prête à l’enfant son appareil à penser, sinon c’est très déstabilisant pour lui : mon parent a dit ou fait des choses bizarres et mon éducateur a trouvé ça normal… » L’attitude de faire comme si de rien n’était ou de minimiser a pour effet que l’enfant ne se verra pas validé dans ses perceptions et sera donc soumis à des informations contradictoires. « Si cette expérience est répétitive, un vécu de doute s’installe qui pourra devenir un trait constitutif à l’âge adulte. C’est en cela que le travail de nomination est indispensable », affirme Frédérique Van Leuven.

CLINIQUE DU LIEN FAMILIAL

« En cas de troubles psychiques, il est courant que le droit d’hébergement et le droit de visite du parent soit réservé ou suspendu, son état ne permettant pas la prise en charge de l’enfant ou se révélant trop perturbant pour ce dernier, et qu’un droit de visite médiatisé soit accordé », explique Catherine Konstantinovitch, conseillère à la cour d’appel de Montpellier. Parents et enfants se voient alors en présence d’un ou de plusieurs professionnels qui font tiers. Dans un contexte de placements longs, voire très longs, les rencontres médiatisées sont un outil de travail essentiel. « Nous avons beaucoup de jeunes majeurs arrivés chez nous à l’âge de cinq jours : certains ont vu leurs parents tous les quinze jours à trois semaines, d’autres deux ou trois fois par an, l’important est que ce lien ait toujours été maintenu », déclare Gérard Ouldbabaali. Il y a d’ailleurs très peu de situations d’abandon ou de disparition des deux parents.

Le service bordelais dispose de cinq points-rencontre pour organiser les entrevues, qui se déroulent en présence d’au moins deux professionnels – éducateur référent, un ou deux médiateurs, psychologue et/ou pédopsychiatre. Les rencontres prennent place dans un cadre soigneusement défini. Celui-ci prévoit, en particulier, une arrivée différenciée de l’assistant familial et de l’enfant, d’une part, des parents, d’autre part, ainsi que l’accueil de chacun par un membre de l’équipe différent. La rencontre ne commence que lorsque l’enfant paraît prêt et sa durée dépendra de son état et de celui de ses parents. Avant et après la visite, un travail d’accompagnement et de mise en mots est fait avec l’enfant, la famille d’accueil, parfois aussi avec les parents.

« L’avant et l’après sont aussi, voire plus importants que la visite elle-même où les enfants vont souvent faire en sorte que les choses ne se passent pas trop mal », renchérit Christian Deshape. Si un enfant stresse deux jours avant la rencontre et trois jours après – ce qui se traduit notamment par des phénomènes d’énurésie ou d’encoprésie –, ces difficultés doivent être travaillées avec le jeune et son parent, explique Christian Deshape. « On réfléchit avec eux pour voir comment aménager la rencontre, en prenant par exemple une activité “cuisine” comme support ». Par ailleurs, l’un des grands facteurs d’inquiétude, pour un enfant, étant de savoir si son parent sera là ou pas, celui-ci doit confirmer sa présence la veille et « nous cadrons les choses pour que la visite soit prévisible : elle se déroule toujours dans le même local, avec pour certains enfants qui en ont besoin des petits rituels, par exemple le gros ours en peluche immanquablement installé dans le fauteuil », précise Christian Deshape.

Ces rencontres sont le lieu d’une possible clinique du lien familial, estime Marina Stephanoff, psychologue à Cap Alésia, service parisien spécialisé dans les visites médiatisées, à qui l’ASE confie souvent des situations très problématiques. « Le travail d’accompagnement consiste à être auprès de l’enfant pour l’aider à “faire avec” son père ou sa mère tel qu’il est, avec ses possibles et ses limites », analyse-t-elle. Ces parents sont loin de constituer des figures rassurantes. « Parents impossibles, ils le sont de plusieurs façons, développe la clinicienne. Pour leur enfant d’abord, parce qu’ils sont difficiles à comprendre, à supporter parfois. Aussi dans leur relation avec nous, par leur agressivité, leur non-fiabilité, leur hyperémotivité envahissante, la prévalence de l’agir sur la parole, l’intolérance à toute forme de frustration, […] sans parler des symptômes clairement psychotiques. » Impossible pour beaucoup d’enfants de ne pas voir ces parents « impossibles » : impossible au sens d’intolérable, impossible aussi du fait de contraintes externes, l’enfant n’ayant pas le choix, « même quand il affiche son refus, même quand des professionnels dénoncent les effets des rencontres », pointe Marina Stephanoff. Aussi l’objectif est-il de faire de celles-ci un espace sécure pour permettre à l’enfant de « rencontrer ce que son parent peut offrir, tout en étant protégé, autant que faire se peut, de ses défaillances ». Extérieur aux centres de placement familial, Cap Alésia entretient des échanges avec les professionnels qui prennent soin de l’enfant au quotidien, afin que le vécu de la rencontre médiatisée soit articulé aux autres domaines de la vie de l’enfant. Mais encore faut-il lutter « contre les mécanismes de déliaison qui n’épargnent pas les rapports dans et entre nos institutions », note la psychologue.

Au terme de leur prise en charge, comment s’en sortent les enfants arrivés tout petits en famille d’accueil ? Certains très bien, car ils ont bénéficié d’accueils longs et stables et ont eu des relations suivies avec leurs parents tout au long du placement, répond Christian Deshape. De jeunes adultes, qui ne sont jamais retournés vivre avec leurs parents, ont ainsi pu trouver un équilibre entre leur famille d’accueil et leur famille d’origine. D’autres enfants ont un devenir plus compliqué – sans que les avatars de leur développement soient forcément liés à l’état de santé de leurs parents. En fait, davantage de jeunes vont très mal en raison de conflits de loyauté entretenus en permanence par leurs parents, qui leur ont fait passer des messages les empêchant de bénéficier de leur placement, qu’en raison d’une pathologie parentale, complète Gérard Ouldbabaali.

Le rôle-clé du référent

« L’engagement affectif de la famille d’accueil auprès d’un enfant qui n’est pas le sien, indispensable à celui-ci pour sa réparation narcissique et son développement psychique, rend la famille d’accueil vulnérable », explique Hana Rottman, pédopsychiatre et psychanalyste(3). En effet, les manifestations de déplacement et de projection de sa pathologie familiale par l’enfant sur ses accueillants risquent de susciter chez eux des réponses inadaptées. « Le suivi et le soutien de l’assistante familiale aux prises avec les troubles de l’enfant sont donc nécessaires et relèvent de l’action conjuguée de tous les agents du dispositif, en particulier du référent », souligne la spécialiste du placement familial. Aux côtés des assistants familiaux pour les aider à comprendre l’enfant – et les protéger des intrusions, notamment parentales –, le référent articule cet étayage de la fonction d’accueil avec l’accompagnement de l’enfant. Il s’agit d’aider ce dernier à faire du lien et du sens entre ses expériences et ses différents lieux de vie. « C’est pourquoi il est souhaitable que le référent soit unique et le même pour accompagner l’enfant chaque fois que nécessaire […], être à son écoute, mettre des mots sur ce qui se passe, ce qui se vit, ce qui se ressent, lutter contre le chaos, le morcellement, la discontinuité, le déni », insiste Hana Rottman.

Le référent assure également la relation avec les parents « dont il dégagera autant que possible l’assistante familiale, sauf indication autre, pour lui permettre de se consacrer, sans culpabilité et sans ambivalence, à l’accueil complexe d’un enfant troublé », développe la psychanalyste. Il revient ainsi au référent d’écouter la souffrance de séparation des parents et de les soutenir dans leur parentalité, éventuellement de les encourager dans une démarche de soins.

Le référent peut aussi jouer un rôle important pour le lien parents-enfant dans les rencontres médiatisées. En effet, « on s’est rendu compte que, dans certaines conditions, la présence d’un tiers rassurant pour l’enfant filtre et absorbe l’effet traumatique de la rencontre avec ses parents malades mentaux ». Du coup, une relation peut se mettre en place, sans risque pour lui, entre l’enfant tranquillisé et son parent contenu dans sa pathologie.

Notes

(1) Les 24, 25 et 26 septembre à Montpellier - www.anpf-asso.org.

(2) Pédiatre, psychiatre et psychanalyste anglais (1896-1971).

(3) Intervenue comme « grand témoin » lors des journées d’étude de l’Association nationale des placements familiaux (ANPF).

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