« Nos corps sont plus que des corps », car leur dimension biologique est doublée d’un volet cultu ?rel, développe Dominique Le Doujet, psychologue spécialiste de gérontologie, dans cet essai dense et touffu. C’est précisément la culture qui confère certaines valeurs aux zones du corps, délimitant le noble et le honteux, le désirable et le repoussant. Du côté des corps sans attrait, celui des sujets âgés aux moyens diminués est exposé à être touché, manipulé, lavé. Il est fréquent que les premières fois où de jeunes stagiaires sont chargés de faire la toilette de personnes âgées, ils-elles ressentent une gêne profonde, voire une répulsion plus ou moins forte. A cet égard, les intervenants « issus de contrées ayant conservé un rapport de déférence à la personne âgée semblent mieux lotis », note l’auteur. Comment approcher respectueusement les corps, c’est-à-dire les individus vieillissants ? En s’extrayant de la philosophie dualiste, qui oppose corps et esprit, et en cessant de médicaliser la vieillesse : il s’agit de ne pas la considérer comme une maladie, mais comme un état naturel du cours de la vie à accompagner comme tel, en le rendant aussi agréable que possible. L’idée est, en quelque sorte, de privilégier le « prendre soin » sur le soin – sans, bien sûr, abandonner ce dernier. Pour Dominique Le Doujet, ce rôle correspond à celui des aides médico-psychologiques (AMP), métier nouveau dans le champ gérontologique, qui fait la part belle à la relation et à l’animation. Mais encore faut-il que les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) n’assimilent pas AMP et aides-soignants.
Pour une revalorisation du corps. Intimité, dignité et service à la personne
Dominique Le Doujet – Ed. Presses de l’EHESP – 24 €