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Faillite d’une ville nouvelle

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« L’histoire commence mal dès le départ… » Chanteloup-les-Vignes, commune à laquelle Juan Massenya et Michel Royer consacrent un long documentaire, concentre tous les problèmes des grands ensembles : projet initial irréaliste, concentration d’une population ouvrière pauvre et immigrée (80 nationalités différentes), chômage des jeunes et des moins jeunes, crispations identitaires, violences policières, drogue, etc. Symbole du malaise des banlieues, cette cité-dortoir qu’on surnomme Babel-en-Yvelines ou encore Chicago-en-Yvelines méritait qu’on se penche sur son histoire peu commune. Dans Banlieusards. 40 ans à Chanteloup-les-Vignes, c’est le journaliste Juan Massenya qui s’y colle… avec la particularité qu’il a lui-même grandi aux Muguets, où fut tournée La haine, de Mathieu Kassovitz. Jusque dans les années 1960, Chanteloup est un petit village peuplé de paysans, situé à 30 kilomètres de Paris. Au début des années 1970, l’Etat confie à l’architecte Emile Aillaud la tâche de bâtir une ville nouvelle en plein milieu des champs pour accueillir 8 000 personnes en habitat social. Si l’architecte a souhaité s’éloigner du mode classique des grands ensembles, il commet la même erreur qu’à Grigny en proposant des immeubles bas et arrondis, recroquevillés sur eux-mêmes… qui font du quartier un lieu totalement introverti, avec des espaces de vie tournant le dos à la campagne verdoyante. Si les quelque 4 000 enfants de moins de 7 ans y trouvent leur bonheur en faisant du vélo et du foot dans la « cour de récréation géante » qu’est la place de l’Hippodrome, les parents se retrouvent vite isolés, d’autant que Chanteloup se situe alors dans un désert culturel, sans gare ni commerces. Au fil du temps, la cité devient « le réceptacle de toutes les personnes dont les autres communes ne veulent pas », et les conditions de vie des résidents se détériorent. Quand, à l’aube des années 1980, l’usine Peugeot voisine annonce ses premiers licenciements, c’est « la catastrophe ». Bientôt, l’Hippodrome se transforme en lieu d’errance pour les pères de famille sans emploi. Peu après, c’est une première, la ville elle-même est déclarée en faillite : sans taxe professionnelle, quasiment sans taxe d’habitation, une majeure partie des habitants étant insolvables, elle doit demander l’aide de l’Etat. Puis surviennent l’héroïne, le sida, les bandes. Pour couronner le tout, dans les années 1990, des odeurs nauséabondes se font sentir : on découvre alors que les terres agricoles de la plaine de Chanteloup-les-Vignes sont polluées par les épandages des eaux usées des égouts de Paris ! Viscéralement attaché à sa ville, qu’il voit encore avec ses yeux d’enfant, Juan Massenya rééquilibre ce portrait avec ses souvenirs idylliques. La mixité lui permettait de voyager depuis chez lui, il se souvient des animations proposées et des beaux projets éclos à Chanteloup, telle la fameuse crèche Baby-Loup. Il a recueilli le témoignage d’habitants qui vivent là depuis le début et d’autres qui ont marqué la cité – comme Pierre Cardo, élu maire de la ville en 1983, Mara Maudet, éducatrice, ou Zohra Et-Tourougui, chargée de la vie associative.

Banlieusards. 40 ans à Chanteloup-les-Vignes

Juan Massenya et Michel Royer – 64 min – Disp. en deux parties (2,49 € chacune) sur http://goo.gl/ P8j0sp et http://goo.gl/A1yhM2

Culture

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