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Etranger ici et là-bas

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Sur le pont du ferry qui fait la navette entre Marseille et Alger, Rachid revoit sa vie défiler. Ce « chibani » vit en France depuis les années 1970, travaillant d’abord sur des chantiers en région parisienne, puis dans des usines du Nord, où il s’est activement impliqué dans les luttes sociales. Des années plus tard, revenu en région parisienne, il s’est installé avec sa famille et travaille dans une morgue. Jusqu’au jour de sa retraite. S’il a toujours pensé finir ses jours dans la maison qu’il s’est fait construire en Algérie – et non y retourner dans un cercueil –, sa femme et ses trois enfants ne sont pas du même avis. Ils considèrent que leur vie est en France et refusent de partir avec lui. Quant à ses amis, confrontés au même problème, ils lui conseillent « de profiter de la vie, de visiter Paris, de voyager » tant qu’il est encore en bonne santé, plutôt que de retourner au bled. Au terme d’une grave dispute familiale, sa plus jeune fille l’encourage, pour se changer les idées, à partir seul retrouver l’odeur du jasmin et la vue sur les steppes qui lui manquent tant. Mais en Algérie, il découvre une réalité bien différente de celle à laquelle il s’attendait. Etranger là-bas et ici, il ne trouve son bonheur nulle part.

Ali Ghanem, le réalisateur de Chacun sa vie, n’a bénéficié que d’un petit budget pour filmer ce long métrage mélancolique, monté en partenariat avec l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (ACSé). Il s’est décidé à concevoir cette fiction sur le difficile retour au pays après avoir rencontré un homme qui pleurait à la terrasse d’un café du XXe arrondissement parisien. Comme nombre de chibanis, « cet homme était désespéré, se sentant abandonné, trahi et inutile », se souvient-il. L’intrigue est simple, le montage parfois confus, mais Ali Ghanem a eu la chance de pouvoir faire jouer le même comédien qu’il avait dirigé il y a trente ans, dans son film L’autre France sur la situation précaire des immigrés algériens. A partir d’archives reprises de cette fiction, il montre, dans Chacun sa vie, les bidonvilles, les foyers et centres d’hébergement, la vie de chantier, dans lesquels son personnage a évolué.

Chacun sa vie

Ali Ghanem – 1 h 37 – Tous les mardis à 13 h, au Saint-André-des-Arts, 30, rue Saint-André-des-Arts, 75006 Paris – Infos sur http://alighanem.ilyatoo.com – Film disp. pour des ciné-débats (tél. 06 59 54 04 32)

Culture

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