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Les pensions de famille et les résidences accueil passées au crible par une étude

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Qui sont les résidents des pensions de famille et des résidences accueil ? Quel accompagnement leur est proposé ? Celui-ci est-il adapté ? L’étude menée par le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema)(1), rendue publique le 12 décembre à l’occasion d’une journée nationale d’échanges de la délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (DIHAL) clôturée par Sylvia Pinel, ministre du Logement, tente de répondre à ces interrogations(2).

Parcours de vie multiples

L’enquête montre qu’une très large majorité de personnes logées dans les pensions de famille et les résidences accueil (adaptées aux personnes souffrant d’un handicap psychique) y vivent seules (92 %) et sont principalement des hommes (70 %). Plus d’une personne sur deux a plus de 50 ans, les résidences accueil logeant un public un peu plus jeune. 56 % des personnes logées sont sans activité, 15 % sont demandeurs d’emploi et 12 % à la retraite. Une large proportion est bénéficiaire de l’allocation aux adultes handicapés (47 %), qui constitue leur première source de revenu, avant le revenu de solidarité active. Un tiers des habitants sont sous curatelle.

La partie qualitative de l’enquête témoigne de parcours de vie multiples en lien avec des difficultés relationnelles : des ruptures affectives, familiales et/ou professionnelles, des troubles psychologiques ou des addictions conduisant à des errances, mais aussi des situations de pertes de repères après le décès des parents ou une incarcération. Les personnes souffrant d’addictions représentent 39 % des habitants des pensions de famille et 26 % des résidences accueil. L’analyse des lieux de vie antérieurs à l’arrivée dans les pensions de famille montre que, si les habitants sortent majoritairement de structures d’hébergement (35 %), ils viennent en proportion presque équivalente de logements (qu’il s’agisse d’un logement familial, du parc privé ou social) ou de foyers-logements (foyers de jeunes travailleurs, résidences sociales, pensions de famille). Les résidences accueil, quant à elles, reçoivent majoritairement des personnes venant d’un logement puis de l’hôpital psychiatrique.

L’orientation vers le logement accompagné se fait dans deux cas sur trois par les services intégrés d’accueil et d’orientation (SIAO). Ces partenaires ont « bousculé les modes de faire » des structures enquêtées, qui évoquent une « perte de lien avec leur réseau de proximité » et soulignent le besoin « d’une meilleure connaissance des pensions de famille et de leur diversité par les acteurs du SIAO ».

La majorité des pensions de famille et des résidences accueil sont situées en milieu urbain et ont une capacité moyenne de 20 places. Dans un cas sur cinq, les établissements sont associés à un autre dispositif (résidence sociale principalement, mais aussi centre d’hébergement et de réinsertion sociale ou service d’accompagnement). Dans 15 % des cas, des logements en diffus sont proposés, qui participent à la construction d’un parcours résidentiel pour les habitants, avec une possibilité d’« essai » d’un logement autonome.

Différentes pratiques d’accompagnement

Les pratiques de l’« hôte » ou du couple d’hôtes (dans 55 % des cas) diffèrent d’une structure à l’autre selon sa façon d’investir les tâches relevant de l’animation, de la médiation et de la régulation du groupe, de l’accompagnement individuel ou de la gestion locative. Assistants de service social ou techniciens de l’intervention sociale et familiale de formation, les hôtes doivent d’abord apporter une aide pour l’installation, l’usage du logement et la gestion des aspects administratifs. Ils imposent des règles de vie en communauté et s’attachent également à créer des moments conviviaux, des temps forts et expériences valorisantes pour les personnes logées. Ils ont une fonction importante dans l’articulation entre l’espace privé et l’espace public, dans la mise en relation des habitants avec le monde extérieur. Différentes pratiques existent, de la simple sollicitation à l’obligation de participer à une partie des activités. L’association des habitants à l’organisation de la vie collective se fait dans 92 % des structures par le biais d’un « comité de résidents », qui se réunit souvent plus de quatre fois par an. Enfin, les hôtes mobilisent différents leviers pour aider les habitants à être aussi chez eux dans le quartier, dans la ville : une aide à la mobilité, un accompagnement vers les services culturels ou associatifs de proximité (parfois dans le cadre de partenariats), une aide à la citoyenneté en lien avec les élus locaux.

Les hôtes sont en forte demande de soutien professionnel, notamment pour accompagner les personnes souffrant d’addictions et de troubles psychiques. Des partenariats spécifiques et des formations complémentaires sont souvent mis en place. Plus globalement, la question de l’accès aux soins « apparaît comme une difficulté récurrente mais témoigne aussi d’un réel investissement de la part des professionnels, et d’une recherche de leviers d’action qu’il faut sans doute soutenir et capitaliser », analyse le Cerema.

Notes

(1) « Les pensions de famille et résidences accueil : du modèle aux réalités d’aujourd’hui » – Etude bilan du Cerema pour la DIHAL menée auprès de 88 résidences accueil et 362 pensions de famille, suivie d’une enquête qualitative auprès de huit pensions de famille et deux résidences accueil – Réalisée à la demande de la DIHAL, de la direction générale de la cohésion sociale et de la direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages – Décembre 2014.

(2) Une étude plus large sur le logement accompagné, menée par le cabinet FORS-Recherche sociale pour le compte de la DIHAL, était parue en mars 2012 – Disponible sur http ://goo.gl/5ms8Mx – Voir ASH n° 2766 du 29-06-12, p. 26.

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