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La cité sans exotisme

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Bon élève le jour, délinquant la nuit, Régis vit au Neuhof, le quartier de Strasbourg réputé le plus difficile. Pour lui et sa bande, tous élevés par des mères célibataires, la police, c’est forcément « des bâtards », la référence, c’est Scarface, et le rêve, gagner un jour « 90  000 € ». En attendant de devenir « les barons du rap », ils volent à l’arrachée, dealent, se battent… Après la Bande de filles dépeinte il y a quelques semaines par Céline Sciamma(1), le rappeur et écrivain Abd Al Malik(2) filme une bande de mecs de banlieue qui ne savent pas vraiment où ils vont. Sauf Régis, ce jeune Congolais doué à l’école – il entre en hypokhâgne quand ses copains ont quitté le lycée avant l’heure – qui, grâce à la religion mais aussi à la chance, se faufilera entre les mailles et échappera à la « taule ». Il garde le cap : réussir sa vie. Aujourd’hui, une grande partie de ses amis de Neuhof sont morts – overdose, suicide en prison, assassinat, accident de voiture… Lui a trouvé sa voie et le succès en devenant un célèbre rappeur-poète. Avec Qu’Allah bénisse la France, Abd Al Malik réalise son premier film, adapté de son autobiographie éponyme. Il l’a tourné – avec un réel talent pour un novice – dans la cité qui l’a vu grandir, entièrement en noir et blanc, tout comme La haine (Mathieu Kassovitz, 1995). Mais si ce film, qu’il juge « fondateur », posait un regard extérieur sur la cité, lui a voulu aborder des pro  blématiques des quartiers « sans que ce soit exotique » : « Mon ambition est de donner à voir, sortir d’un fantasme malsain sur nous », explique le réalisateur. Son histoire n’est pas datée. Elle pourrait se passer aujourd’hui comme dans les années 1990. Quant à la violence, elle reste hors champ ; on l’imagine seulement et on en saisit les conséquences. Enfin, le film ne fait pas l’impasse sur l’amour, dans des scènes qui offrent une rupture, loin des bâtiments vétustes et des embrouilles du quotidien.

Qu’Allah bénisse la France

Abd Al Malik – Avec Marc Zinga et Sabrina Ouazani – 1 h  36 – En salles le 10 décembre

Notes

(1) Voir ASH n° 2879 du 17-10-14, p. 41.

(2) Son livre La guerre des banlieues n’aura pas lieu a été chroniqué dans les ASH n° 2653 du 2-04-10, p. 44.

Culture

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