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Ces curieux objets de l’exil

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Une boîte en marqueterie, décorée du drapeau arménien. Deux cartes d’identité cartonnées, portant la date manuscrite d’un décret de naturalisation. Une fraiseuse d’acier d’une tonne. Un maillot de gardien de but du club de Casablanca. En 2013, le musée de l’Histoire de l’immigration a ouvert aux Carnettistes tribulants, collectif d’illustrateurs, de graphistes, de plasticiens, les trésors de sa galerie des dons. Ouverte au public en 2008, celle-ci est destinée à recueillir les archives et objets confiés par des particuliers, témoignages du parcours migratoire de leur famille. Cette collection hétéroclite a inspiré aux Carnettistes 12 œuvres originales, mêlant récits de vie et fictions. D’abord présentés au cours d’une exposition, les voilà désormais rassemblés dans Bringuebalés, un bel album édité par La Boîte à bulles. A partir de la boîte en marqueterie de Melkon Bédrossian, la plasticienne Frede Dethier retrace ainsi l’exil de cet Arménien rescapé du génocide de Turquie, installé à Marseille en 1925. Imaginant Ettore et Giuseppina Pozzera s’extirpant de leurs papiers d’identité, l’illustratrice Geneviève Marot raconte le parcours de ce couple d’Italiens, poussés vers Saint-Etienne par la guerre et la pauvreté, et naturalisés en 1947. La fraiseuse d’acier, elle, appartenait à Emilio Reig, républicain espagnol interné au camp de Septfonds (Tarn-et-Garonne), devenu fraiseur à Paris. Les œuvres qu’elle a inspirées au plasticien David Chambard redonnent vie à la communauté ouvrière qui se rassemblait à la Maison des métallos (Paris XIe). Le reporter graphique Damien Roudeau a, pour sa part, choisi le maillot et les chaussures de football d’Ismaël Hajji. Arrivé en France en 1977, ce Marocain rêvait d’une carrière de footballeur professionnel. Depuis trente-cinq ans, il est épicier aux Lilas (Seine-Saint-Denis). Parce qu’ils ne se limitent pas à de stricts récits de vie, mais enrichissent les histoires de leurs interprétations, leur poésie ou leurs interrogations, les Carnettistes donnent à ces parcours singuliers une dimension supplémentaire, universelle. Celle d’une humanité mouvante qui, même déracinée, parvient toujours à refleurir sur sa terre d’adoption.

Bringuebalés.

[Carnets de mémoires] d’immigrés

Les Carnettistes tribulants – Ed. La Boîte à bulles – 27 €

Culture

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