Recevoir la newsletter

Emmaüs Connect présente son plan d’actions contre l’exclusion numérique

Article réservé aux abonnés

En avril 2013, Emmaüs Connect voyait le jour afin de permettre aux personnes en difficulté d’avoir un accès « juste et durable » aux télécommunications(1). A l’occasion de son premier forum « Connexions solidaires », qui s’est tenu le 27 novembre à Paris, l’association a présenté son plan d’actions pour faire du numérique un outil d’inclusion. Placé sous le parrainage d’Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargée du numérique, et de Ségolène Neuville, secrétaire d’Etat chargée de la lutte contre l’exclusion, la journée a réuni plus de 400 acteurs du numérique et du social parmi lesquels Benoît Thieulin, président du Conseil national du numérique, Jacques Toubon, défenseur des droits, Gilles Babinet, responsable des enjeux de l’économie numérique pour la France auprès de la Commission européenne, ou encore Nick Leeder, directeur général de Google France. L’exclusion numérique a été au centre des débats, avec la présentation d’une étude réalisée par des experts indépendants(2) et montrant que, parmi les bénéficiaires d’Emmaüs Connect (des personnes de tous âges, à la rue ou en hébergement, orientées par 800 structures de l’action sociale), 37 % n’utilisent jamais Internet. 78 % ne disposent pas d’accès privé ou personnel au réseau, se contentant de se connecter chez un proche (32 %) ou dans des cybercafés (9 %). Si pour certaines personnes interrogées, Internet demeure encore un luxe, la téléphonie, elle, est ancrée comme une nécessité qui fait passer ce poste de dépense avant beaucoup d’autres. Or seuls 21 % des répondants déclarent avoir un abonnement mobile : sans compte en banque, sans justificatif de domicile, ils optent donc majoritairement pour des cartes prépayées, sensiblement plus chères que les forfaits disponibles sur le marché. De ce fait, leurs dépenses en télécommunications représentent 8 % des ressources mensuelles des bénéficiaires contre une moyenne nationale de 1,1 %. L’étude montre comment un meilleur accès au numérique et aux télécommunications est un levier d’insertion et d’intégration socioéconomique qui met les personnes en capacité d’entrer dans un parcours d’insertion. D’abord, parce que l’accès au téléphone et à Internet leur permet d’être « comme tout le monde » et redonne de l’estime de soi. Ensuite, il facilite la préservation des liens sociaux et familiaux (70 % des personnes interrogées déclarent utiliser leur téléphone pour appeler leur famille à l’étranger). Etre connecté, enfin, procure un « apaisement psychologique », un sentiment de sécurité.

Trois tables rondes ont mis en lumière les enjeux en matière d’accès et d’usages, les responsabilités de chacun et les solutions éprouvées en matière d’inclusion numérique. Emmaüs Connect en a tiré plusieurs préconisations : d’abord, celle d’étendre le programme « Connexions solidaires », soit l’offre d’un bagage numérique minimal, à toutes les personnes en situation d’exclusion et de précarité numérique. Il existe pour le moment sept points d’accueil où ont été accompagnées près de 10 000 personnes. Il leur est proposé l’achat d’ordinateurs portables et d’abonnements à tarif « solidaire » (offres Internet et téléphonie à bas prix développées avec SFR et Huawei) et la possibilité de participer à des ateliers d’acquisition des compétences numériques en partant de leurs besoins sociaux.

L’association estime que des services numériques doivent être développés pour répondre aux besoins spécifiques des jeunes en difficulté. D’après une étude anthropologique menée entre juin et novembre derniers (elle sera publiée courant 2015), 50 % des 18-25 ans qui se rendent en mission locale n’ont pas d’adresse e-mail et ne savent pas utiliser les outils numériques pour chercher du travail. En partenariat avec les missions locales et CapGemini consulting, Emmaüs Connect lancera, au printemps 2015, une plateforme Web pour aider ces jeunes dans leurs démarches de recherche d’emploi. Elle constituera aussi un outil pour les professionnels.

Enfin, le forum a été l’occasion pour Emmaüs Connect de lancer un média Web trimestriel, www.les-cahiers-connexions-solidaires.fr, qui met en avant des expériences autour de l’accès au numérique. Il est destiné « aux quelque 2 000 personnes qui peuvent faire bouger les lignes de l’exclusion numérique comme les intervenants sociaux et les décideurs de l’action sociale ».

« L’inclusion numérique doit faire partie intégrante du plan de lutte contre la pauvreté », a souligné, de son côté, Ségolène Neuville dans son discours de clôture, rappelant que celui-ci devrait comprendre des outils facilitant l’accès aux droits et aux aides sociales – simulateur des droits, mise en place d’un coffre-fort numérique(3) –, tandis qu’Axelle Lemaire a estimé qu’« un agenda numérique ambitieux ne peut pas se penser sans une partie consacrée à l’inclusion numérique ».

Notes

(1) Voir ASH n° 2807 du 26-04-13, p. 13.

(2) Etude réalisée de mars à juin 2014 sur un échantillon de 1 862 bénéficiaires ainsi que sur la base de 131 entretiens qualitatifs et de 70 entretiens menés auprès de bénéficiaires ayant quitté le programme « Connexions solidaires ».

(3) Voir ASH n° 2883 du 14-11-14, p. 5.

Côté terrain

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur