Lors de la journée mondiale de lutte contre le sida, le 1er décembre, Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, a indiqué vouloir renforcer le dépistage des populations les plus exposées, « souvent éloignées du système de santé », et a, dans ce cadre, annoncé la généralisation des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) pour les « dépistages communautaires ». Le montant versé aux associations de lutte contre le sida qui réalisent ces tests « sera réévalué à cette occasion », ont indiqué les services de la ministre. A partir de mai prochain, les associations pourront également réaliser les TROD permettant de dépister le virus de l’hépatite C (VHC). Ces derniers, qui ne sont pour l’instant disponibles qu’en laboratoire et chez le médecin, « favorisent le dépistage des personnes les plus éloignées du système de santé, notamment avec des actions “hors les murs” pour “aller vers” les personnes à dépister », a précisé le ministère, en indiquant que des dépistages « ciblant des personnes co-infectées par le VIH et le VHC pourront être réalisés ».
Autre mesure annoncée : les autotests de dépistage, qui permettent de détecter en quelques minutes, à partir d’une goutte de sang, si l’on est porteur du VIH, seront disponibles en pharmacie à partir du 1er juillet 2015. Le projet de loi « santé », qui sera discuté à l’Assemblée nationale au début de l’année prochaine, prévoit par ailleurs que ces autotests soient mis à la disposition des associations. Le ministère a insisté sur le fait que ceux-ci ne se substituaient pas aux autres dispositifs de dépistage mais venaient « compléter l’arsenal disponible pour répondre à des besoins spécifiques ».
Interpellée sur cette question à l’Assemblée nationale, Marisol Touraine a également indiqué depuis l’hémicycle qu’elle était favorable à la fin de l’interdiction des soins funéraires pour les personnes séropositives, qui devrait être levée d’ici à la fin de l’année 2016. A noter que l’inspection générale des affaires sociales ainsi que le défenseur des droits ont chacun préconisé la levée de cette interdiction(1). « Un article de la loi de santé permettra de déterminer de façon extrêmement précise le cadre juridique » de ces soins, « avec des lieux identifiés, dédiés, département par département », a précisé la ministre.
La journée du 1er décembre est enfin l’occasion, chaque année, de faire le bilan des avancées – ou non – en matière de lutte contre le VIH. Dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire du 28 novembre, l’Institut de veille sanitaire (InVS) fait ainsi le constat que « l’épidémie d’infections par VIH est toujours active en France, avec de 7 000 à 8 000 nouvelles contaminations par an ». Par ailleurs, « malgré de nombreux efforts de prévention et de dépistage, le nombre de personnes ignorant leur séropositivité ne se réduit pas ». Quant au nombre de tests réalisés, s’il a augmenté après la publication en 2011 des recommandations nationales de dépistage, il est resté stable depuis. Cependant, « l’augmentation du nombre de sérologies confirmées positives depuis 2011 pourrait correspondre à un dépistage plus ciblé auprès de populations particulièrement exposées », analyse l’InVS.
(1) Voir respectivement ASH n° 2848 du 21-02-14, p. 9 et n° 2856 du 18-04-14, p. 9.