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Une enquête de la CGT pointe le sentiment de « perte de sens » chez les travailleurs sociaux

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Donner la parole aux professionnels « pour affirmer une autre conception du travail social, faire des propositions, et revendiquer une reconnaissance légitime des qualifications ». C’était, pour l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens (UGICT)-CGT, l’objectif de la consultation nationale réalisée par son « collectif des professionnels du travail social » entre le 22 août 2013 et le 31 janvier dernier, dont les conclusions ont été rendues publiques le 19 novembre(1). Cette enquête a été menée auprès de 716 travailleurs sociaux, dont 67 % sont assistants de service social, 21 % éducateurs, 11 % encadrants, 7 % conseillers en économie sociale et familiale et 5 % éducateurs de jeunes enfants. Il en ressort un état des lieux « édifiant », selon les termes de l’organisation, à l’heure où, rappelle-t-elle, sont préparés les « états généraux du travail social décidés par le gouvernement ». Au-delà, la consultation s’est déroulée dans un contexte de « crise économique, de rigueur budgétaire où la pression est exercée, d’une part, sur les salaires (depuis 2010 ceux-ci sont gelés), d’autre part, sur les moyens financiers alloués au “social” », ajoute l’UGICT-CGT.

Sans être vraiment nouveaux, ses constats soulignent l’ampleur du malaise qui traverse les professionnels. Les travailleurs sociaux « restent très attachés à leurs métiers », 67 % de ceux qui ont été rencontrés jugeant leur travail « intéressant ». Cependant, ils sont aussi 89 % à estimer qu’ils ne peuvent pas « réaliser un travail de qualité » parce qu’ils sont contraints de le faire dans l’urgence et ont le sentiment que « le quantitatif prime sur le qualitatif ». Le manque de moyens, de clarté et de lisibilité des missions et les « injonctions paradoxales » sont également évoqués. « Un nouveau modèle de production s’instaure et se caractérise par une conception technocratique de l’action sociale, avec ses dérives procédurales et sa politique de chiffres à outrance », commente l’organisation. Plus des trois quarts (78 %) des professionnels interrogés déclarent « pouvoir faire des propositions dans le cadre de leur activité », mais 55 % jugent que celles-ci ne sont pas entendues. Au final, les deux tiers (66 %) « ressentent une perte de sens du travail ».

Les conditions d’exercice ont également été abordées : 60 % des répondants considèrent que leur charge de travail est « excessive » ; 84 % jugent qu’elle s’est intensifiée et 86 % que leur travail s’est complexifié. Pour 66 %, l’activité professionnelle déborde sur la vie privée « à cause du stress, de la préoccupation permanente liée à leur activité » et 20 % disent emporter du travail à leur domicile. « Le management est de moins en moins en mesure d’assurer le rôle de soutien technique et d’expertise et se voit principalement confier celui de contrôle et de gestion », ajoute l’UGICT-CGT. Seulement 50 % des travailleurs sociaux se sentent reconnus au sein de leur organisme, 5 % se sentent soutenus par leur institution, 66 % « en partie seulement ». Près des trois quarts (73 %) estiment être insuffisamment rémunérés et 80 % souhaitent d’ailleurs une revalorisation des salaires et des parcours professionnels. Si 61 % des personnes interrogées considèrent que leur situation professionnelle est stable, 44 % ne savent pas comment envisager leur avenir et 65 % ont un avis négatif concernant leur parcours professionnel, en raison du « peu de possibilités de mobilité offertes dans le secteur social » et du défaut d’accompagnement. Pour le syndicat, « les réorganisations, mutualisations, fusions, concentrations » de structures sont, par ailleurs, facteurs d’instabilité professionnelle.

L’organisation, qui rappelle les revendications du « manifeste » lancé en septembre 2013 par quatre syndicats(2), réclame donc des « mesures prioritaires pour une meilleure reconnaissance professionnelle », dont le reclassement des diplômes validés par trois années d’études au niveau II et une revalorisation statutaire et salariale pour les travailleurs sociaux. Elle demande aussi « des moyens supplémentaires (humains, matériels et financiers) », mais également une réflexion sur le management et l’organisation du travail, l’allégement des procédures et des garanties sur l’autonomie des professionnels « dans les pratiques professionnelles » et « vis-à-vis du politique ».

Notes

(1) Disponibles sur www.ugict.cgt.fr.

(2) La Fédération CGT des services publics, le Snuclias (Union de syndicats des agents des collectivités locales, des ministères de l’Intérieur [préfectures], des Affaires sociales et des Finances)-FSU, SUD collectivités territoriales solidaires et la Fédération autonome de la fonction publique territoriale – Voir ASH n° 2828 du 11-10-13, p. 14.

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