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Un label « médiation d’espaces publics » pour professionnaliser le secteur

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Partant du constat que les différents services de médiation sociale du territoire ont leur propre fonctionnement sans logique commune, le Réseau des villes correspondants de nuit et de la médiation sociale a lancé, le 20 novembre, un label fédérateur.

« C’est une petite révolution qui seprépare », assure Jean-Yves Gérard, président du Réseau des villes correspondants de nuit et de la médiation sociale, au lendemain du lancement officiel d’un label « médiation d’espaces publics » destiné à professionnaliser ce mode d’intervention(1). Il aura fallu deux ans de travail en partenariat avec l’AFNOR (Association française de normalisation) pour mettre au point les cinq « fonctions » du cahier des charges de cette norme. « Il était nécessaire de créer un label car les services de médiation sociale n’ont aucun standard et fonctionnent chacun à leur manière. Si tous les agents qui sillonnent les rues répondent aux besoins des habitants et assurent une présence sécurisante, quelles similitudes entre le travail assuré à Gennevilliers [Hauts-de-Seine] et à Le Teil [Ardèche] ? Dresser une évaluation globale du secteur était impossible », pointe Jean-Yves Gérard. Le Comité interministériel de prévention de la délinquance soutient et finance ce label(2). Son secrétaire général présidera d’ailleurs le comité de labellisation.

Projet de service

Pour respecter cette norme, les entités (associations, régies directes, groupements d’intérêt public) doivent réaliser un diagnostic visant à (re) définir le projet de service de la structure et élaborer un plan d’actions pluriannuel en lien avec les structures municipales de tranquillité publique. Le deuxième critère est la mise au point d’un cadre d’organisation et de gestion précisant les rôles et les fonctions à assurer, le type et le nombre d’emplois nécessaires pour mettre en œuvre le projet de service, la formalisation d’une procédure de recrutement et d’un plan de formation professionnelle. L’obtention du label passe également par la formalisation de l’offre de services, ce qui induit la réalisation d’une veille résidentielle sur les risques pesant sur la vie quotidienne dans les immeubles et d’une veille sociale portant sur les préoccupations des habitants, mais aussi le respect d’une charte de déontologie (respect de l’anonymat, libre consentement et participation des habitants…). Le développement d’outils – rapports des dysfonctionnements et dégradations, fiches de liaison, état des lieux de la tranquillité publique et cartographie des zones sensibles – pour communiquer avec les partenaires est un élément important pour la certification. Enfin, l’entité devra disposer d’outils d’évaluation gestionnaire permettant d’analyser l’utilité sociale de l’activité des services de médiation, notamment sur la base de la valeur sociale garantie « par son positionnement politique, ses finalités, ses valeurs et ses logiques d’action ». Ce qui débouchera sur la définition d’actions d’amélioration continue. « Il ne s’agit pas d’établir un cadre obligatoire, mais de convaincre l’ensemble des villes de converger vers un schéma d’organisation au maximumpartagé », précise Jean-Yves Gérard. En plus d’être un signe de reconnaissance pour les agents et un outil de communication vis-à-vis de la population, l’obtention de ce label a un intérêt financier. « Etre labellisé donne de la visibilité et du crédit à la municipalité vis-à-vis de ses partenaires financiers tels que les mutuelles, les bailleurs sociaux et les grandes entreprises présentes sur le territoire », assure le président du réseau. Selon lui, le label « médiation d’espaces publics » permettra aussi aux villes de recruter plus facilement des médiateurs car le métier sera mieux reconnu.

Pérennisation financière

Vingt-trois représentants de villes avaient fait le déplacement pour assister au lancement du projet, le 20 novembre à Pantin (Seine-Saint-Denis), en présence de la secrétaire d’Etat chargée de la politique de la ville, Myriam ElKhomri, par ailleurs ancienne trésorière du Réseau des villes correspondants de nuit et de la médiation sociale. Une dizaine de communes seront prochainement sélectionnées pour expérimenter la norme, avec de premières labellisations prévues vers mai 2015 et une montée en charge progressive à partir de l’automne prochain. « Il faudra se caler sur le rythme de chacun. Des villes auront plus de mal que d’autres à l’obtenir. Même si elles n’y parviennent pas toutes, elles auront de toute façon progressé en se rapprochant du cahier des charges. Nous ne les abandonnerons pas », souligne Jean-Yves Gérard. Il prévoit néanmoins de créer un « club des villes labellisées » avec des facilités d’accès aux financements d’Etat pour ces membres.

Né en 2007, le Réseau des villes correspondants de nuit et de la médiation sociale avait pour ambition d’être un lieu « de questionnements, de débats et de réflexions », permettant d’évaluer l’utilité sociale des services de correspondants de nuit, de les professionnaliser et de les pérenniser financièrement. La mise en place de ces « bonnes pratiques » est un pas décisif en ce sens.

Propriétaire du label dont il souhaite assurer la gestion dans un centre de ressources parisien, le réseau compte sur l’appui de partenaires pour le développer. Présent lors de la réunion de lancement, le CNLAPS (Comité national des acteurs de la prévention spécialisée) pourrait ainsi en devenir copropriétaire. Un nouveau pas pour renforcer le rapprochement entre prévention spécialisée et médiation sociale(3)

Notes

(1) Le label sera prochainement disponible sur www.lamediationsociale.com.

(2) Une aide de 30 000 € sur deux ans a permis de démarrer le projet.

(3) Voir ASH n° 2721 du 26-08-11, p. 30.

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