En présentant, fin 2008, le projet de loi généralisant le revenu de solidarité active (RSA), ses promoteurs exaltaient l’accession au statut de travailleur. Hélas, dès 2011, le Comité national d’évaluation du dispositif en présentait un bilan très décevant : le RSA n’avait globalement pas amélioré le retour à l’emploi des allocataires, ni rendu les politiques d’insertion plus efficaces. Il n’avait quasiment pas fait non plus diminuer la pauvreté. Trois ans plus tard, ces constats se révèlent encore trop indulgents, soulignent Anne Eydoux et Bernard Gomel, respectivement économiste et statisticien au Centre d’études de l’emploi, coordonnateurs de ce passionnant ouvrage collectif. De fait, le taux très élevé de non-recours à la prestation, surtout à son volet « activité » devant inciter à la reprise d’emploi, montre à lui seul que le pari de la solidarité active est un pari manqué. Et ce n’est là qu’un des éléments pointés par les contributeurs pour rendre compte de l’échec d’une réforme fondamentalement marquée par de nombreuses erreurs de jugement. « En définitive, le RSA n’a permis de tirer aucune leçon des vingt ans de RMI », estime Isabelle Blanchemanche, chargée de mission insertion dans un département. En particulier, le revenu de solidarité active ne prend pas en considération les différentes situations de vulnérabilité contribuant à ce que, pour une part des allocataires, l’insertion par le travail est difficilement envisageable à court ou moyen terme. Qui plus est, centrer l’accompagnement, fût-il social, sur la levée des freins à l’emploi fait peu de cas d’un contexte où celui-ci manque.
Apprendre (de l’échec) du RSA.
La solidarité active en question
Coordonné par Anne Eydoux et Bernard Gomel – Ed. Liaisons sociales – 32 €