Espace de retrouvailles

John a 13 ans et n’a pas parlé à son père depuis trois ans. Dans les premières images du documentaire Les enfants d’abord, l’adolescent se rend pour la première fois au Centre d’études cliniques des communications familiales (Ceccof), à Paris, ce lieu neutre de médiation familiale et d’entrevues médiatisées. Il y rencontrera cet homme qui souhaite reprendre le contact, mais ne sait pas comment aborder cet échange délicat. En France, chaque année, près de 25 000 enfants de tous âges et de toutes origines sociales fréquentent ces espaces de rencontre à la suite d’une désignation du juge aux affaires familiales. Après une séparation ou un divorce conflictuel, ces lieux leur permettent, malgré la violence du différend conjugal, de construire ou de renouer des liens avec le parent chez qui ils ne vivent plus. Durant six mois, Christine Tournadre, la réalisatrice, s’est immergée au ­Ceccof, où Roxane, thérapeute familiale, et Carine, psychologue, ont entre six mois et un an pour apaiser les tensions chez les enfants, devenus en quelque sorte des otages dans la guerre que se livrent leurs parents. « Couple conjugal ou pas, ils resteront toute leur vie les parents de leur enfant », résume Roxane. Le documentaire est une ­plongée dans l’intimité de familles éclatées qui doivent trouver des solutions afin d’épargner à leurs enfants davantage de souffrance, tout en les aidant à grandir. Beaucoup de larmes dans ces images, qu’elles viennent des parents ou des enfants. Beaucoup de dialogues aussi, entre parents et professionnels, entre enfants et thérapeutes… Avant de laisser la place aux retrouvailles en tête à tête, que ce soit dans une salle de jeux ou pour fêter un anniversaire. Le ­documentaire décrit précisément le fonctionnement de ces espaces ainsi que le déroulement des différents rendez-vous. Il met surtout en avant le fait que, aux dires des professionnelles, « les situations deviennent de plus en plus complexes ».