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Handicap psychique : « Construire un cadre européen pour le logement »

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Le 17 novembre, la Fédération Agapsy (Fédération nationale des associations gestionnaires pour l’accompagnement des personnes en situation de handicap psychique) clôturait son projet européen sur l’accompagnement et le maintien dans le logement des personnes souffrant de troubles psychiques. De ces échanges entre professionnels et chercheurs de six pays sont nés un plaidoyer et des recommandations(1), explique Catalin Nache, délégué général de la fédération.
Pourquoi cette recherche ?

A la suite de la publication, en 2012, de notre recherche-action sur « les pratiques d’accompagnement des personnes en situation de handicap psychique dans et vers le logement en France »(2), nous avons voulu voir ce qui se faisait dans les pays voisins. Nous avons obtenu des financements européens via le programme Erasmus et constitué un réseau de partenaires – structures d’accompagnement et d’hébergement, centres de recherche, universités – dans six pays : France, Belgique, Grèce, Suisse, Roumanie, Luxembourg. Entre 2012 et 2014, des délégations composées de chercheurs et de professionnels ont passé deux jours dans chacun des pays pour rencontrer leurs pairs, comprendre le fonctionnement de la prise en charge locale, visiter des structures et échanger avec les usagers. Vingt-quatre Français – administrateurs d’associations, directeurs, chefs de service ou travailleurs sociaux – ont participé à ce programme.

Quels sont vos constats ?

Les situations sont très hétérogènes. Dans certains pays comme la Roumanie, il n’existe pas de politique de santé mentale bien définie, le poids du système sanitaire y est encore prégnant, la notion de handicap psychique n’est pas reconnue et les préjugés sur la maladie encore nombreux. En Grèce, depuis les années 1990, la prise en charge évolue vers la désinstitutionnalisation. Des services innovants ont été créés, mais tout est bloqué depuis 2010 et la crise. Les pays de l’ouest de l’Europe sont plus avancés dans le déploiement d’une palette de dispositifs permettant de s’adapter au degré d’autonomie de la personne et à ses fluctuations – avec notamment en France les résidences accueil, les familles gouvernantes, les appartements d’essai ou en baux glissants… Le canton de Genève a créé un système « en escalier » dans lequel sont classés plusieurs types de dispositifs proposant un accompagnement global en fonction du degré d’autonomie de la personne. C’est un modèle pour nous, mais très coûteux à déployer à large échelle.

Quelles sont vos préconisations ?

Au plan macropolitique, il est indispensable de construire un cadre européen afin d’accompagner le mouvement de désinstitutionnalisation dans tous les pays. Nous souhaitons aussi qu’il y ait davantage d’articulation entre la recherche, la formation et les actions de terrain.

Il est nécessaire de développer des programmes de recherche pour améliorer les connaissances et produire une expertise européenne. Sur le terrain, il nous semble important de créer des outils communs permettant aux acteurs de travailler en réseau, d’améliorer l’information aux usagers, familles et professionnels à travers des centres de ressources notamment. Enfin, il reste beaucoup à faire pour lutter contre la stigmatisation de la maladie qui traverse tous les pays(3).

Que va devenir ce travail ?

L’un des intérêts de cette recherche est d’avoir permis à des professionnels de terrain de produire une réflexion à la fois opérationnelle et politique sur la question de l’accompagnement. De retour dans leurs établissements, ils seront plus convaincants pour défendre le décloisonnement des secteurs sanitaire et social et faire évoluer les modalités d’accompagnement. Plus globalement, ces préconisations doivent maintenant être discutées et enrichies par nos adhérents. Ce travail nous a aussi permis de constituer un réseau de chercheurs et de professionnels en Europe et nous a donné envie de poursuivre d’autres chantiers sous l’égide de la future fédération « Santé mentale France » dont la création est prévue fin 2015(4).

Notes

(1) Disponible sur www.agapsy.fr.

(2) Voir ASH n° 2811 du 24-05-13, p. 22.

(3) Un collectif d’associations souhaite que ce thème fasse l’objet de la Grande cause nationale 2015 – www.santementale2015.org.

(4) Fusion de l’Agapsy et de la FASM-Croix-Marine – Voir ASH n° 2880 du 24-10-14, p. 15.

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