Faire un moteur de son handicap

Que se passe-t-il quand, à 23 ans, assistant metteur en scène prometteur, on est fauché par un accident et définitivement paralysé des quatre membres ? On ne se contente pas de repasser en boucle le film de son existence révolue et des deuils à faire. Ces derniers sont indispensables pour qu’advienne une « deuxième naissance », explique Bertrand Besse Saige, mais l’idée est bien d’aller au-delà. Il s’agit de s’ouvrir de nouvelles perspectives et de les réaliser. Ce que lui-même a fait grâce à sa belle énergie, au soutien d’un entourage attentionné de proches et de professionnels, et à quelques rencontres marquantes avec des aventuriers du fauteuil roulant comme Patrick Segal. Muni de ce précieux viatique, Bertrand Besse Saige a créé en 1989, et dirige depuis, un institut pour la formation des professionnels du médico-social au handicap et la mise en place de services et d’activités pour les personnes handicapées. « Vivre et s’adapter », le nom de cet organisme, est à lui seul tout un programme. Visiblement, l’auteur l’a scrupuleusement suivi, jusqu’à « faire de son handicap un moteur », intitulé des stages de développement personnel que propose son institution. C’est ce cheminement sur lequel il revient ici, complétant la première édition de son témoignage publiée il y a vingt ans. En rapportant son « travail d’expérimentateur de la contrainte », l’intéressé est conscient que son itinéraire n’est pas forcément reproductible par tous. Mais, convaincu que le véritable handicap serait « l’amputation de la capacité d’évolution de l’être blessé », il a à cœur de faire partager le périple qui l’a ouvert à la passion de la vie.