Fruit de la réorganisation du système de santé français, les traitements en ambulatoire connaissent un fort développement. « Mais cette orientation nouvelle s’est faite jusqu’à présent sans mesurer le besoin d’hébergement pour les personnes éloignées de leur centre hospitalier, déplore Daniel Erhel, président de la Fédération nationale des établissements d’accueil pour familles d’hospitalisés (Fneafh). Il faut désormais penser les réponses à cette problématique nouvelle et les maisons d’accueil hospitalières en font partie. »
De fait, qu’ils soient en pré ou post-opératoire, dans l’attente d’une greffe, atteints d’un cancer (par exemple pour des soins répétés de chimiothérapie) ou souffrant d’une maladie chronique…, les patients qui suivent un traitement ambulatoire sont de plus en plus nombreux à être accueillis dans les maisons d’accueil hospitalières. Seule condition : qu’ils n’aient pas besoin de soins, soient autonomes ou accompagnés. « Pour eux, le recours à un hébergement en maison hospitalière signifie plus de confort et moins de fatigue, puisque cela évite de fréquents déplacements en voiture ou en ambulance », explique René Flipo, président de l’association Maison familiale hospitalière de Lille.
Si la convention signée en 1976 avec la caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés qui permet de bénéficier de tarifs d’hébergement avantageux autorise progressivement, depuis le début des années 1990, l’accueil de patients en ambulatoire, elle circonscrit toutefois leur nombre à un quota maximal de 25 % des personnes hébergées. Or de nombreuses maisons s’approchent du taux, voire le dépassent. Dans ces conditions, cette limitation inopérante doit être redéfinie, demande la Fneafh.
Le Rosier rouge, à Vanves (Hauts-de-Seine), illustre l’évolution en cours : fondée en 1973, la structure créée dans le giron du Secours catholique, au départ surtout tournée vers les familles d’hospitalisés, accueille désormais près de 60 % de patients suivant un traitement en ambulatoire – soit bien au-delà de la limite autorisée. Explication : « Nous avons la particularité d’accueillir de nombreuses personnes en provenance des DOM-TOM qui bénéficient d’un transfert sanitaire pour être soignées en métropole », explique Emma Canatar, la directrice opérationnelle.
Même type de problématique à la Maison des familles à Nice : historiquement ouverte pour héberger les familles d’enfants malades, elle a peu à peu élargi son accueil aux familles de patients adultes et surtout aux malades traités en ambulatoire qui représentent désormais 35 à 40 % des personnes accueillies. Une situation liée à la présence de nombreux patients originaires de Corse qui viennent se soigner sur le continent : « Grâce aux aides que nous sollicitons, notre maison peut proposer des nuits à 15 €, voire à 8 € dans certains cas. Sans cela, de nombreux patients renonceraient aux soins, faute de pouvoir payer 80 ou 100 € par nuit d’hôtel pour pouvoir par exemple bénéficier d’une chimiothérapie qui dure au minimum trois semaines. Ou bien ils souscriraient un prêt. Ce n’est pas acceptable ! », dénonce Christine Scaramozzino, présidente de la Maison des familles.