Probablement est-ce parce qu’il y a « joug » dans « conjugal » et que vieillir ensemble – soit, aussi, intégrer la maladie et la dépendance à son quotidien – pèse lourd sur celles et ceux qui ont choisi de faire perdurer le lien conjugal ou n’ont pas osé le rompre… Toujours est-il que l’attelage que constituent les vieux couples est un attelage bancal. C’est lui qui est au cœur des pratiques d’accompagnement mises en œuvre par le réseau gérontologique ville-hôpital du Grand Poitiers (Vienne), qui sont décrites dans cet ouvrage collectif coordonné par le sociologue Michel Billé. Multipliant les vignettes sur des scènes observées dans leurs interventions auprès de personnes âgées, plusieurs membres du réseau – essentiellement des infirmières et des aides-soignants – témoignent de l’intérêt d’une approche pluridisciplinaire des situations. Ils ne dissimulent pas pour autant les difficultés éprouvées face à des complicités devenues conflictuelles et aux modalités de communication, souvent violentes, des couples vieillissants. Histoires d’amour mais aussi de haines et de rancœurs recuites, les intervenants ont choisi le mot de « conjugo-pathie » pour évoquer ces mauvaises relations de couple. Celles-ci ne laissent pas de les interroger. « Sommes-nous intrusifs en voulant tenter de résoudre un problème non organique issu d’une relation conjugale “particulière” », se demande ainsi le médecin gériatre qui a accompagné l’hospitalisation puis le retour à domicile de Geneviève, 82 ans, mariée à un Marcel volage de 85 ans. Et que serait la normalité des rapports de couple ?
Lien conjugal et vieillissement.
Travail en réseau et pratiques d’accompagnement
Sous la direction de Michel Billé – Ed. érès – 12 €