Secret d’EHPAD

Quand Eric conduit Georges à la maison de retraite, celui-ci refuse de sortir de la voiture. Pour lui, une chose est sûre, son compagnon veut tout simplement l’abandonner et profiter de son nouveau célibat. Mais Georges est atteint de la maladie d’Alzheimer, et cela fait un bon moment qu’Eric n’est plus capable de faire face au quotidien à ses côtés. Georges se mettait en danger et pouvait être un danger pour les autres – dans un moment de délire, il avait agressé son infirmière à domicile…

Dans les premières pages de la bande dessinée Au coin d’une ride, Georges fait connaissance avec son nouveau colocataire, le peu disert André. Monsieur Debord, directeur de l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), lui présente les animations proposées – bingo, valse, atelier cuisine –, auxquelles il participera bon gré mal gré. Au fil des jours, Georges n’attend qu’une chose : les visites de son ami. Mais le directeur de la structure a prévenu Eric : « au vu de la population accueillie », il n’est pas sûr que la venue d’un résident homosexuel soit bien acceptée. Il lui faudra donc cacher leur relation pour « éviter qu’un scandale n’éclate parmi les résidents ». De quoi perturber encore plus Georges, qui ne comprend pas la distance qu’Eric met entre eux… Pour ce dernier, la séparation n’est pas facile non plus. L’agitation qui régnait à leur domicile a fait place au vide et au silence, lourd et oppressant. Une histoire courte et dessinée d’un trait simple, qui décrit la souffrance qu’engendre la maladie pour les personnes touchées comme pour leurs proches. A ce sujet souvent exploité s’ajoute la trame de la discrimination, ou plutôt des craintes formulées autour de l’acceptation de l’homosexualité, alors même que les personnes âgées peuvent se montrer plus ouvertes que l’on ne croit. Thibaut Lambert est un jeune auteur belge qui a déjà à son actif Al Zimmer (Ed. Coccinelles, 2011), une autre BD consacrée à la maladie d’Alzheimer. Il n’est pas directement concerné par la maladie, mais les anecdotes que lui rapportait sa compagne, soignante en maison de repos, lui ont inspiré ses histoires.