La médiation culturelle a longtemps été entendue comme recouvrant des dispositifs destinés à réduire l’écart entre les publics et les œuvres. Ce n’est pas d’amélioration de l’accès de tous à la culture dont il est question dans les contributions réunies par Frédérique Montandon et Thérèse Pérez-Roux, chercheuses en sciences de l’éducation, mais d’intégration et de socialisation par la participation à des activités culturelles. La mobilisation de pratiques artistiques à des fins d’insertion sociale est intéressante pour les différentes parties en présence, développe la sociologue Stéphanie Pryen. Les travailleurs sociaux peuvent y trouver un moyen de « réenchanter [leur] engagement professionnel », et les artistes de nouvelles sources de financement. Quid pour les personnes incluses dans ce type de projets ? Outre l’occasion de rencontrer des professionnels de la culture – et des personnes dans la même situation qu’eux –, les participants témoignent souvent de manière positive du travail réflexif sur leur parcours et leur identité auquel ces pratiques les ont ouverts, explique Stéphanie Pryen. Sans compter la reconnaissance de sa capacité à dire, à faire et à se dire que procure le fait de montrer sa production en public (représentation théâtrale ou chorégraphique, exposition de photos). Mais, indépendamment des gains en termes de développement personnel et d’estime de soi, ces expériences ont des effets limités sur le réel. Après avoir participé à un atelier d’écriture – qu’elle avait beaucoup apprécié –, une femme au chômage faisait ainsi remarquer que sa situation sociale et économique n’avait guère changé.
Les médiations culturelles et artistiques. Quels processus d’intégration et de socialisation ?
Sous la direction de Frédérique Montandon et Thérèse Pérez-Roux – Ed. L’Harmattan – 27 €