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L’opinion moins inquiète du non-recours que des abus, selon le Crédoc

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Dans l’enquête sur « Les conditions de vie et les aspirations » des ménages, dont les résultats ont été diffusés en septembre dernier (1), le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) relevait une moindre empathie à l’égard des personnes en difficulté sociale et une remise en cause, par une bonne partie de l’opinion publique, de l’efficacité des politiques sociales. Une défiance à l’égard du modèle social français que tend aussi à confirmer la quatrième vague du « Baromètre de la cohésion sociale » initié en 2011 par la direction générale de la cohésion sociale, à partir de questions insérées à sa demande dans l’enquête annuelle du Crédoc (2).

Le tableau n’est pas très réjouissant : « Stressés par la crise, n’ayant plus confiance dans les institutions et leur capacité d’infléchir le réel, inquiets des risques de déresponsabilisation du modèle social et valorisant la liberté individuelle, les Français tendent, en ce début 2014, à s’affranchir du collectif pour ne compter que sur eux-mêmes. » Ainsi, 35 % placent les efforts de chacun pour vivre ensemble en tête des facteurs qui contribuent le plus à favoriser la cohésion sociale, tandis que la protection sociale leur apparaît cette année moins « essentielle » (14 %, contre 17 % en 2011). Et malgré le sentiment, toujours dominant, que la cohésion de la société est fragile, « l’idée que les pouvoirs publics n’interviennent pas assez pour aider les catégories modestes est minoritaire, pour la première fois depuis 30 ans ».

Outre les effets du contexte politico-économique (notamment la tension entre les objectifs de réduction des déficits et l’inquiétude sur le pouvoir d’achat des ménages) sur la façon de considérer l’« Etat-providence », l’enquête a le mérite d’illustrer la réalité et la perception du non-recours. Parmi les personnes interrogées, 19 % ont déclaré n’avoir pas bénéficié des aides, allocations, tarifs sociaux ou droits auxquels elles pouvaient prétendre au cours des 12 derniers mois, par manque d’information (59 %), découragement devant les démarches à accomplir (20 %) ou parce qu’elles souhaitaient s’en sortir par elles-mêmes (17 %). Pour autant, 84 % des enquêtés estiment que « beaucoup de personnes abusent du système ». Seulement 42 % pensent au contraire que « beaucoup de personnes renoncent à bénéficier des droits ou allocations auxquels elles pourraient prétendre ». Preuve supplémentaire, au lendemain de la Journée mondiale du refus de la misère, que l’une des ambitions du plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté, le « changement de regard » sur les personnes les plus en difficulté, n’a pas vraiment atteint son objectif (3).

Notes

(1) Voir ASH n° 2875 du 19-09-14, p. 14.

(2) « Le modèle social à l’épreuve de la crise, baromètre de la cohésion sociale 2014 » – Etude réalisée à la demande de la DGCS, mission Analyse stratégique, synthèse et prospective – Disponible sur www.credoc.fr – L’enquête a été réalisée en « face-à-face » entre décembre 2013 et janvier 2014, auprès d’un échantillon représentatif de 2 003 personnes.

(3) Voir aussi l’enquête d’ATD quart monde, ASH n° 2879 du 17-10-14, p. 21.

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