« Notre objectif commun est celui d’une psychiatrie sociale, alliant soin et insertion, en favorisant le décloisonnement entre sanitaire, social et médico-social. » C’est le sens du rapprochement opéré depuis plus de un an par la Fédération d’aide à la santé mentale (FASM) Croix-Marine et la Fédération des associations gestionnaires pour l’accompagnement des personnes handicapées psychiques (Agapsy) – auxquelles s’est joint le réseau Galaxie. Leurs adhérents ont voté la fusion de ces organisations le 21 septembre dernier à Lyon, au cours d’une assemblée générale extraordinaire. La création de la nouvelle entité reste encore à concrétiser sur le plan légal, la future fédération Santé mentale France ayant déposé une demande de reconnaissance d’utilité publique qui doit être entérinée par les autorités, une procédure pouvant prendre plusieurs mois.
Mais dans l’attente de la validation des nouveaux statuts par le ministère de l’Intérieur courant 2015, « les deux fédérations vont dès maintenant fonctionner de la façon la plus unie et la plus intégrée possible », indique Jean-Luc Brière(1), le président du bureau exécutif commun élu en septembre, qui s’est réuni pour la première fois le 15 octobre. Si la FASM Croix-Marine – née après-guerre (1952) et forte de quelque 300 adhérents (dont une centaine d’établissements) – et l’Agapsy – créée plus récemment (2008), et qui rassemble une soixantaine d’associations – ont « une culture et une histoire différentes », elles ont déjà des adhérents communs, fait-il valoir.
Cette démarche s’inscrit ainsi dans la continuité de leur action, « on ne tourne pas la page », selon Jean-Luc Brière. Mais cette fusion va leur permettre d’être « plus fortes » pour défendre leurs convictions, de « promouvoir auprès des pouvoirs publics une politique de santé mentale à la hauteur des enjeux, tant au niveau national que local, [et de] soutenir et mettre en œuvre des projets répondant au mieux aux besoins des personnes, en liaison avec l’Unafam [Union nationale des amis et familles de malades psychiques] et les associations d’usagers », indiquent la FASM et l’Agapsy dans un message à leurs adhérents.
Une ambition d’autant plus cruciale qu’elle s’inscrit dans le contexte de l’examen parlementaire du projet de loi « santé ». « Nous sommes en train de formaliser notre contribution au débat sur les orientations concernant la santé mentale », précise le président en évoquant la mission confiée en septembre, par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, au directeur général de l’agence régionale de santé d’Aquitaine, Michel Laforcade, en matière de santé mentale et de psychiatrie(2). « Ce qui frappe surtout, dans ce domaine, c’est l’absence de politique générale depuis plusieurs années », précise Jean-Luc Brière, ce qui conduit à « des différences de moyens et de pratiques considérables dans notre pays » dans le secteur de la psychiatrie publique, avec des « disparités encore plus considérables » si l’on inclut le secteur privé et le médico-social.
Le rapprochement de la FASM Croix-Marine et de l’Agapsy doit aussi se traduire par la mise en place de coordinations locales entre leurs équipes – qui existent déjà parfois sur le terrain mais qui doivent être formalisées – et d’un réseau de professionnels, « du psychiatre à l’assistante sociale », pour contribuer à décloisonner les différents acteurs de la santé mentale, afin de « développer une réflexion commune et une offre de formation transversale ».
(1) Fonctionnaire à la retraite, ancien directeur départemental des affaires sanitaires et sociales (DDASS), Jean-Luc Brière est entré dans le secteur de la santé mentale par le biais d’un engagement militant à l’Unafam.