L’idée, qui a germé dès 2012, a un motif politique : alors que le réseau fête ses 20 ans et qu’il poursuit son développement avec 140 GEIQ labellisés en 2014(2) et 5 200 entreprises adhérentes, il était temps de doter ses membres, partenaires des politiques publiques de l’accès à l’emploi et à la qualification, d’une représentation fédérative. Le fait que la loi du 5 mars 2014 sur la formation professionnelle les reconnaisse dans le code du travail comme groupements d’employeurs spécifiques et ait consolidé un certain nombre d’aides fléchées sur les GEIQ a donné une assise à ce positionnement. Nous nous structurons en une organisation professionnelle autour d’un métier : l’accès à la qualification et à la construction de parcours dans l’emploi.
Les besoins de main-d’œuvre existent ! Pour les entreprises des secteurs en tension, les GEIQ facilitent l’accès aux publics pour lesquels la formation initiale a rencontré des limites, et leur permet de parier sur leur potentiel. Les adhérents, présents dans 22 secteurs professionnels, au sein desquels émergent des activités nouvelles, ont compris l’intérêt d’un outil qui permet aux trois quarts des personnes en parcours de formation d’obtenir une qualification et aux deux tiers d’être recrutées par les entreprises qui les ont accueillies. Petit à petit, le modèle que nous portons est promu par d’autres partenaires, notamment les unités territoriales des Dirrecte, qui peuvent, avec les collectivités territoriales, être à l’origine de la création d’un GEIQ. Nous sommes entrés dans une logique de territoire, au plus près des bassins d’emploi.
Les branches professionnelles pourraient, dans le cadre de leurs priorités pour l’emploi, les reconnaître comme un outil à mobiliser pour favoriser l’accès à un premier niveau de qualification. Le métier de « médiation active », qui consiste à analyser les besoins de l’entreprise pour les rapprocher de ceux des personnes en difficulté, représente un levier important, mais il n’est pas soutenu financièrement. Autre enjeu majeur : la reconnaissance de la fonction d’accompagnement social de la personne recrutée, sachant que les subventions des pouvoirs publics ne représentent en moyenne que 8 % du budget des GEIQ, qui sont complémentaires des structures de l’insertion par l’activité économique dans la construction des trajectoires. Nous avons par ailleurs demandé une revalorisation de l’aide à l’accompagnement octroyée dans le cadre du contrat de professionnalisation. Michel Sapin avait demandé un rapport de l’inspection générale des affaires sociales sur les GEIQ, que nous attendons dans les prochains jours. Nous espérons que ses propositions donneront de nouvelles perspectives pour 2015.
Quelle que soit la forme de cette mobilisation, le tout est d’agir ! Le compte personnel de formation devrait être abondé par les branches pour les personnes éloignées de l’emploi, public qui doit, par ailleurs, ne pas être oublié dans les listes des formations éligibles. Il serait également intéressant que les branches puissent s’engager sur un volume minimal de périodes d’immersion en entreprise. Le contrat de professionnalisation, qui est un bon outil, mériterait que l’on fasse sauter ses barrières d’âge pour étendre le bénéfice de l’aide accordée aux employeurs pour les moins de 26 ans et les plus de 45 ans. Il représente 75 % des outils de formation mobilisés par les GEIQ et depuis 2012, 47 % des personnes concernées par ce contrat ont plus 26 ans.
(1) Une table ronde était organisée à cette occasion sur l’emploi et l’insertion, en présence notamment de Louis Gallois, président de la FNARS, et de Jean-François Connan, vice-président de la « commission éducation, formation et insertion » du Medef.
(2) Soit une augmentation de 4 %. Six nouveaux GEIQ ont été créés en 2014.