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Vers un statut de musicothérapeute ?

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Œuvrant dans le sens d’une structuration du secteur, la Fédération française de musicothérapie revendique un statut officiel pour encadrer la discipline. Le secteur est-il mûr ?

En l’absence de réglementation officielle, la Fédération française de musicothérapie (FFM) tente de limiter les pratiques abusives en tenant à jour un registre national des musicothérapeutes(1) qui compte environ 200 professionnels – un peu plus d’un millier de musicothérapeutes formés seraient en activité aujourd’hui en France. Inspirée des préconisations de la Confédération européenne de musicothérapie à laquelle elle adhère, la fédération défend des critères stricts pour être inscrit sur le registre, en particulier en ce qui concerne la formation (avec, par exemple, un minimum requis d’heures de cours et de stage).

UN DIPLÔME NATIONAL

L’homologation est automatiquement accordée à ceux qui ont validé leur formation dans l’un des quatre centres agréés par la fédération, à savoir trois universités (Sorbonne Paris-Cité, Montpellier Paul-Valéry et Nantes) et l’Atelier de musicothérapie de Bourgogne. Parmi eux, seule l’université parisienne délivre, depuis 2011, un diplôme national sous la forme d’un master professionnel et recherche d’arts-thérapies, spécialité « musicothérapie », reconnu par le ministère de l’Education nationale. Les universités de Montpellier et de Nantes(2) remettent, pour leur part, un diplôme universitaire (DU) qui leur est propre. Quant à l’Atelier de musicothérapie de Bourgogne, il dispense une certification en trois ans mais qui n’est pas homologuée par l’Etat. Pour les musicothérapeutes qui ont suivi une formation dans un des nombreux autres centres de formation privés en France ou qui ont été formés à l’étranger, la porte du registre national n’est pas pour autant verrouillée : leur dossier est étudié au cas par cas avant d’être accepté ou non.

Au-delà de la formation, l’inscription au registre national suppose également de se conformer au code de déontologie élaboré en 2004 par la FFM. Y est notamment spécifié que le musicothérapeute, tenu au secret professionnel, doit s’engager « à approfondir ses connaissances et son savoir-faire, et à soumettre son exercice professionnel à une supervision » de même qu’à associer sa pratique « à un travail de réflexion théorique ». Il doit par ailleurs travailler « sur la base d’un accord explicite avec le patient, ses parents ou son tuteur légal, ou les soignants » dans le cadre d’un contrat qui comprend l’orientation musicothérapeutique, le champ et la durée approximative du traitement, son coût (le cas échéant) et une explicitation de la nature confidentielle de la thérapie.

Cet effort de structuration va de pair avec la revendication d’un statut officiel en tant que professionnel de santé : « Nous réclamons que le musicothé­rapeute soit inscrit au code de la santé publique [qui réglemente les différentes professions de santé], ce qui permettrait de protéger le titre et d’établir un cadre de travail plus serein », argumente François-Xavier Vrait, président de la FFM. Au-delà de la protection des usagers, une reconnaissance légale donnerait aux employeurs des repères en matière de rémunération dans le cadre d’une grille salariale spécifique et offrirait la possibilité aux musicothérapeutes de bénéficier d’une assurance professionnelle, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Des divergences de points de vue subsistent néanmoins parmi les partisans d’un statut : de façon officielle, la FFM met l’accent sur les spécificités de la discipline et souhaite que le titre soit propre à la musicothérapie. Mais d’autres défendent plutôt un statut générique d’art-thérapeute avec des spécialités (en musicothérapie notamment) : « Non seulement c’est cette option qui est déjà à l’œuvre dans certains pays – comme les Etats-Unis ou l’Angleterre – mais cela fonctionne très bien pour les médecins qui ont tous le même diplôme puis se spécialisent en cardiologie, pneumologie, etc. En outre, c’est sans doute, stratégiquement, une voie plus efficace et plus lisible », avance, en son nom propre, François-Xavier Vrait. « Les musicothérapeutes seront plus forts pour revendiquer un statut s’ils s’allient avec l’ensemble des arts-thérapeutes », observe également Edith Lecourt, aujourd’hui directrice du master d’arts-thérapies de Sorbonne Paris-Cité, figure incontournable de la musicothérapie qu’elle a contribué à faire connaître et à développer en France.

JUSQU’OÙ RÉGLEMENTER  ?

Parallèlement, certains acteurs s’opposent à l’idée même d’un statut – c’est le cas des structures proposant des formations peu rigoureuses qui craignent que leurs élèves ne l’obtiennent pas… Gérard Ducourneau, responsable de l’Atelier de musicologie de Bordeaux, redoute notamment qu’il ne s’accompagne d’un passage obligé par l’université, fermant la porte aux professionnels qui ont déjà une formation initiale et souhaitent simplement élargir leur champ d’activité dans le cadre d’une formation continue. Selon lui, une réglementation trop stricte risque aussi de gommer la diversité des approches en musicothérapie en définissant des bonnes et des mauvaises pratiques. Des crispations qui reflètent, de façon très classique, tout secteur en phase de structuration…

Notes

(1) Voir la liste des arts-thérapeutes accrédités par la Fédération française des arts-thérapeutes, qui répertorie aussi des musicothérapeutes : www.ffat-federation.org.

(2) Nantes est également en train d’élaborer son propre master.

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