Nil, habillée en mariée, court dans les rues à perdre haleine. Elle court pour échapper au mariage arrangé par sa famille d’origine turque et pour retrouver Lucky, son amoureux, un jeune gitan. Ensemble, ils cherchent à fuir le destin qui leur est imposé et la colère de leurs familles, en particulier celle du frère de Nil. A l’image d’un West Side Story oriental, les deux clans vont s’affronter d’abord par la danse, lors d’une longue séquence musicale, mais les armes ne tarderont pas ensuite à sortir…
Sous un soleil écrasant, et dans une ambiance de banlieue déglinguée du sud de la France, c’est une tragédie shakespearienne que semble dessiner le cinéaste Tony Gatlif, lui-même né d’un père kabyle et d’une mère gitane. Mais le fil de cette histoire apparemment classique va être perturbé par la présence de Géronimo, une éducatrice de rue qui n’accepte pas l’enchaînement fatal de la vengeance et de la violence. Elle va tout faire pour protéger les amoureux et tenter d’apaiser les deux clans, quitte à se mettre en danger. Car Géronimo est une éducatrice hors norme : solitaire, engagée, à fleur de peau, courageuse à la limite de l’inconscience… Comme l’explique le réalisateur : « C’est une belle âme, sa vie est pour les autres, elle n’a pas de vie personnelle. » Avec Géronimo, on est évidemment loin du travail de rue tel qu’il se pratique au quotidien dans les quartiers. Mais le propos du film est ailleurs. Sur fond de musiques andalouses et orientales, il entend surtout dénoncer l’absurdité d’une violence justifiée par une conception archaïque de l’honneur familial, mais qui masque mal le malaise de jeunes hommes en quête d’eux-mêmes.
Géronimo
Tony Gatlif – 1 h 44 – En salles