Pour décrire, analyser et formaliser les pratiques – ou « savoirs d’action » – qu’ils mettent en œuvre auprès des personnes en situation de grande pauvreté, 12 membres actifs du mouvement ATD quart monde ont participé à une recherche-action dans le cadre du diplôme universitaire des hautes études de la pratique sociale de l’université de Tours. Patrick Brun, permanent d’ATD qui a accompagné ses pairs dans la rédaction de leurs mémoires universitaires, en propose une lecture transversale centrée autour de quelques lignes de force. Agés de 50 à 60 ans et engagés à ATD depuis vingt-cinq à trente-cinq ans, la plupart de ces 12 volontaires sont issus de familles nombreuses, souvent rurales, qui ne vivaient pas dans l’aisance, mais pas non plus dans la misère. Avant de devenir permanents dans le mouvement, la majorité d’entre eux s’était orientée vers une carrière sociale. C’est l’insatisfaction ressentie dans leur milieu de travail face aux questions posées par la grande pauvreté qui les a conduits à fréquenter l’association. Dans le cadre professionnel comme dans celui d’ATD, la relation est la pierre de touche de l’action, mais « dans la pratique du volontaire, à la différence de celle du travailleur social, la rencontre est vécue pour elle-même, et non d’abord en vue d’un résultat préconçu », souligne Patrick Brun. Pas question, pour autant, d’opposer la démarche des permanents d’ATD – qui s’inscrit dans une temporalité longue et privilégie la dimension collective – et celle, plus ponctuelle et individuelle, des travailleurs sociaux. C’est sur leur complémentarité, au contraire, qu’insistent les membres du mouvement.
A la rencontre des milieux de pauvreté. De la relation personnelle à l’action collective
Patrick Brun – Ed. Chronique sociale – 15,90 €