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Femmes en périphérie

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Tout au long de son nouveau film, Céline Sciamma cadre en gros plan les visages de Marieme, Lady, Adiatou et Fily. Ces adolescentes désœuvrées forment une Bande de filles comme on en croise souvent dans les rues des grandes villes ou les couloirs du métro. Très maquillées, sexy et piercées, elles se montrent parfois bruyantes, arrogantes, violentes. Certainement pour montrer qu’elles sont fortes, affranchies. Pourtant, une fois rentrées dans leur cité, entre les murs des appartements, elles redeviennent sages, soumises même, leur liberté étant entravée par les garçons. Le long métrage, rythmé par une musique entraînante, suit particulièrement Marieme, qui aime à se faire appeler Vic – « comme la victoire » – quand elle est avec ses copines. Elle rejoint la bande le jour où on lui refuse le passage en lycée d’enseignement général. A 16 ans, elle préfère arrêter l’école plutôt que « de ne pas faire comme les autres, être normale ». Dès lors, elle va « faire ce qu’elle veut » : rire fort, danser, se battre, coucher avec son copain, s’opposer à son grand frère. Hyperréaliste, nous entraînant souvent sur des fausses pistes, Bande de filles montre l’amitié comme un acte émancipateur. Mais si Marieme semble être très entourée, son trajet identitaire demeure solitaire.

Le film – dont la réussite doit beaucoup à ses interprètes qui, sur tous les plans, restent d’un naturel et d’une justesse exceptionnels – dépeint également la banlieue, terrain de prédilection de la réalisatrice Céline Sciamma. Celle-ci a tourné à Bagnolet et à Bobigny (Seine-Saint-Denis), dans des cités tristes et labyrinthiques, ainsi qu’à La Défense (Hauts-de-Seine), où les bandes de filles traînent, entre séances de shopping et petits rackets. C’est là qu’elles se retrouvent pour s’amuser, loin des regards des garçons de la cité. Quant aux adultes, c’est comme s’ils n’existaient pas et que les jeunes étaient livrées à elles-mêmes.

De son côté, la journaliste Johanna Bedeau s’est aussi intéressée aux jeunes femmes de banlieue dans son documentaire Ma cité au féminin, diffusé à la télévision quelques jours avant la sortie du film de Céline Sciamma. Emma, Fatou et Aïcha sont filmées là où elles vivent – en périphérie de Paris, sur un territoire où règnent les hommes. Grâce à ces destins croisés de femmes qui se débattent avec le statut qu’on leur a donné, on s’interroge enfin sur la place des femmes dans les quartiers.

Bande de filles

Céline Sciamma – 1 h 52 – En salles le 22 octobre

Ma cité au féminin

Johanna Bedeau – 58 min – Sur LCP, dimanche 19 octobre à 20 h 30 – Dans le cadre du Festival international du film des droits de l’Homme de Strasbourg, vendredi 31 octobre à 22 h

Culture

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