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« Le développement de l’apprentissage dans le secteur sanitaire et social connaît un coup d’arrêt »

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Créée en juin dernier, la Fédération nationale pour l’apprentissage aux professions sanitaires et sociales(1) alerte des menaces qui pèsent sur cette voie de formation dans le secteur. Eclairages de Daniel Thiebault, directeur général de l’Adapss (Association pour le développement de l’apprentissage dans les professions sanitaires et sociales) Ile-de-France(2).
La fédération est née d’un besoin de visibilité…

Relativement récent – il faut remonter au milieu des années 1990 pour trouver ses prémices –, l’apprentissage dans le secteur sanitaire et social s’est fortement développé à partir des années 2000, grâce aux engagements des branches professionnelles – l’hospitalisation privée et la branche associative sanitaire, sociale et médico-sociale – et à l’accompagnement des conseils régionaux et de l’Etat, qui a fait de cette voie de formation une priorité. Il existe aujourd’hui 18 CFA dans 14 régions, dont la spécificité est d’être « hors les murs » : ils ont installé des « unités de formation par l’apprentissage » au sein d’établissements de formation partenaires.

Désormais, 17 associations gestionnaires de CFA sont adhérentes de la fédération, née en juin dernier de l’intention de faire reconnaître, auprès des autorités qui mettent en scène l’alternance, la spécificité de la formation par l’apprentissage dans notre secteur, et plus globalement de la volonté d’intervenir dans le débat relatif aux formations.

Pourquoi cette mobilisation aujourd’hui ?

Depuis deux ans, le développement de l’apprentissage dans le secteur sanitaire et social connaît un coup d’arrêt du fait de mesures successives prises par l’Etat, dont la fin de mesures d’incitation financière. La récente loi sur la formation professionnelle a, de surcroît, mis fin à la possibilité, pour les secteurs public et associatif, non soumis à la taxe d’apprentissage, de récupérer une part du « hors quota » versé par les entreprises qui y sont soumises. Ce qui les prive d’une ressource principale : les employeurs associatifs n’ont d’autre choix que de payer la formation ou de se retourner vers les collectivités territoriales, elles-mêmes à court d’argent.

En parallèle, les emplois d’avenir mobilisent une part importante des fonds publics et concurrencent la formation par apprentissage des niveaux IV et V. Résultat, alors que les CFA forment plus de 3 000 apprentis par an(3), nous avons constaté ces deux dernières années une chute du nombre des nouveaux entrants de 10 à 15 %, voire 20 % pour le diplôme d’éducateur de jeunes enfants. Pourtant, les besoins sont gigantesques dans le champ de la petite enfance, comme dans celui de l’aide à la personne.

Que craignez-vous ?

La fin de l’apprentissage dans notre secteur ! Il n’y aurait pas de sens à perdre un outil de formation aussi performant, au mieux de l’intérêt de l’apprenti et de l’employeur, qui constitue un vivier de jeunes expérimentés, potentiellement fidélisés, à des coûts salariaux intéressants pendant leur formation. Le taux de réussite aux diplômes est de 95 %, bien supérieur aux autres voies de formation. Le taux de rupture de contrat en cours d’apprentissage est de seulement 4 % et le taux d’insertion à six mois des diplômés est de 100 %. Alors que la transposition de ce mode de formation a démontré sa pertinence, il faudrait l’abandonner ?

Quelles sont vos attentes ?

De la part des pouvoirs publics, la prise en considération d’un secteur non assujetti à la taxe d’apprentissage, avec ses conséquences en matière de financement.

Considérant que l’apprentissage est la forme d’alternance qui optimise au mieux la transmission des savoirs, nous souhaitons également participer au débat sur l’alternance intégrative porté par l’Unaforis(4). Au-delà, la fédération anticipe le décloisonnement qui va peu à peu s’imposer entre le sanitaire et le social. Notre objectif est de formuler des propositions sur ces mutations, pour contribuer à l’évolution des programmes de formation et aux réflexions sur ce qui va se jouer à l’avenir entre les universités et le monde de la formation professionnelle.

Notes

(1) Contact@fnapss.fr. La fédération est présidée par le docteur Philippe Cléry-Melin, PDG du groupe Sinoué, qui regroupe des cliniques spécialisées en santé mentale et en gérontologie. Xavier Bombard, directeur général de l’ADSEA 93, est vice-président.

(2) Au 1er janvier 2015, l’Adapss Ile-de-France va fusionner avec l’AFAPHP (qui porte le CFA Santé solidarité) pour donner naissance à l’Association pour le développement de l’apprentissage et des formations aux métiers sanitaires, sociaux et médico-sociaux, dont la direction générale sera assurée par Corinne Déal, actuellement à ce poste à l’AFAPHP.

(3) Parmi les métiers concernés : aide médico-psychologique, assistant de service social, éducateur de jeunes enfants, éducateur spécialisé, infirmier, masseur kinésithérapeute…

(4) Union nationale des associations de formation et de recherche en intervention sociale.

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