Dans la perspective des « états généraux du travail social », dont la date n’a toujours pas été annoncée, l’Union nationale des associations de formation et de recherche en intervention sociale (Unaforis) a rendu publiques, le 14 octobre, ses « dix contributions pour une stratégie de formation professionnelle qualifiante au service d’une politique nationale d’intervention sociale territorialisée » (1).
« Le travail social est actuellement réinterrogé dans ses fondements », rappelle l’Unaforis en préambule de ce corpus de propositions, notamment « dans sa définition même, au regard des différentes formes d’intervention sociale qui sont apparues au cours des 20 dernières années », ou dans la conception de la politique sociale et du rapport aux personnes concernées. Dans ce contexte, elle invite à mettre en œuvre « une stratégie dédiée et cohérente, une reconfiguration concertée et articulée entre les acteurs concernés (Etat, conseils régionaux, conseils généraux et branches professionnelles), au service d’une politique de l’action sociale globale, animée à partir des territoires, dont les établissements de formation seront un acteur parmi d’autres ».
L’association défend, en premier lieu, l’idée que « les diplômes doivent à l’avenir garantir un professionnalisme commun à plusieurs métiers ». Ces derniers ne sont en effet « pas réductibles aux diplômes qui y préparent », qui doivent au contraire permettre d’évoluer entre plusieurs métiers, voire plusieurs milieux professionnels, sans s’enfermer à vie dans un seul. La préparation au diplôme doit donc trouver un équilibre entre le socle commun généraliste, la préparation à plusieurs métiers et la spécialisation permettant un accès direct, opérationnel, à une profession donnée. Cette recommandation implique notamment « d’établir un socle commun de formation » du niveau V au niveau I, comme l’Unaforis le préconise depuis plusieurs années(2), mais aussi de déterminer les spécialités et autres options qui devraient faire partie des parcours personnalisés, et de réfléchir spécifiquement aux parcours de cadres intermédiaires et de dirigeants. Autres volets de ce premier axe : la certification partielle des compétences acquises au cours de la formation par des crédits, la reconnaissance de l’expérience par la validation des acquis et enfin la garantie de disposer de formations complémentaires tout au long de la vie. Le contenu et la forme des formations doivent d’ailleurs être actualisés en permanence, selon l’Unaforis.
Une autre proposition vise à améliorer l’orientation et la réorientation vers les métiers de l’intervention sociale, en instaurant une aide et un accompagnement en amont et tout au long du parcours de formation. Il est aussi envisagé d’intégrer d’éventuels cursus partiels antérieurs dans la construction des parcours qualifiants, pour favoriser la mise en place de passerelles et d’équivalences entre les formations sociales et les cursus universitaires dépendant d’autres ministères ou de grandes écoles, en particulier par le biais des crédits et des grades définis et attribués selon les critères européens. « Aux niveaux IV et V, une articulation avec les cursus préparatoires aux CAP, BEP et bacs professionnels doit aussi être structurée », souligne l’Unaforis. Une ambition qui suppose d’attribuer à chaque diplôme un grade LMD ou de proposer un système d’accès à la qualification par capitalisation de crédits, mais qui demande aussi de dépasser le stade des coopérations telles qu’elles sont préconisées par le rapport de Marcel Jaeger de 2012 sur la coopération entre établissements de formation et universités(3). L’Unaforis recommande en effet « d’intégrer à la stratégie de l’enseignement supérieur un chapitre sur les formations à l’intervention sociale, instaurant un “conventionnement cadre” équilibré entre établissements de formation publics et privés du social » et les regroupements universitaires, voire les grandes écoles.
L’organisation réaffirme en outre la nécessité de se doter d’un appareil de formation territorialisé dédié et agréé d’enseignement professionnel supérieur de l’intervention sociale, que ce soit sous forme de hautes écoles professionnelles en action sociale et (de santé) (HEPAS ou HEPASS) ou d’établissements d’enseignement supérieur privés ou publics d’intérêt général (ESPIG). Autres préconisations : construire une offre de formation continue certifiante et variée et diversifier les modes de professionnalisation par alternance. Car si l’alternance intégrative est reconnue comme nécessaire par l’ensemble des acteurs, elle est néanmoins soumise à rude épreuve par les difficultés à disposer de sites qualifiants. Les modalités de cette voie d’apprentissage devraient donc être assouplies pour en multiplier les possibilités de réalisation sur le terrain.
(1) Disponible sur