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Femmes immigrées âgées : une population ignorée

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Peu nombreuses à avoir eu des itinéraires professionnels complets, elles ont souvent vécu à l’ombre de leur mari. « Ayant droit » de celui-ci jusque dans leur existence administrative, ces migrantes n’ont pas entretenu beaucoup de liens avec la société d’accueil. Aujourd’hui qu’elles ont vieilli, les immigrées des quartiers de la politique de la ville continuent à rester ignorées des politiques publiques. Une étude lève le voile sur cette population vulnérable.

« C’est la première fois depuis que je suis en France qu’on me pose toutes ces questions. » Cet étonnement de Mme X, 65 ans, venue du Maroc dans les années 1970, est partagé par l’ensemble des immigrées vieillissantes ou âgées vivant dans les quartiers prioritaires auprès desquelles le Centre de ressources Politique de la ville en Essonne (CRPVE) a mené l’enquête(1). De fait, « se raconter, avoir la liberté de dire des choses sur soi et donner son avis sans autorisation préalable ne sont pas des actes ordinaires dans la vie de ces femmes », commente Evelyne Bouzzine, directrice du CRPVE. Pour la société française non plus, s’interroger sur le parcours de vie des migrantes vieillissantes n’est pas habituel. Dans le copieux travail sur les immigrés âgés, rendu public en juillet 2013 par les députés Denis Jacquat et Alexis Bachelay, seulement quatre pages – vigoureuses et bien informées – sont spécifiquement dédiées à la situation des femmes(2). Quant au rapport pourtant ciblé sur « L’égalité pour les femmes migrantes » remis en février dernier au ministère des Droits des femmes, il consacre juste quelques lignes à la problématique des immigrées âgées – sous le curieux intitulé de « Mobilités », qui n’est certainement pas leur trait distinctif(3). Ce rapport contient une seule proposition sur 53 qui les concerne, la 44e(4) ; l’invisibilité des vieilles migrantes y est pointée, mais le rapporteur ne contribue pas à les en faire sortir. Pour dépasser ce désolant constat et mieux connaître les conditions de vie des intéressées, le CRPVE a piloté une recherche-action réalisée entre octobre 2012 et mars 2014 avec l’appui scientifique du sociologue Smaïn Laacher. Cette étude a concerné une soixantaine de femmes d’une moyenne d’âge de 62 ans des quartiers prioritaires et impliqué 37 travailleurs sociaux (voir encadré, page 31)(5).

UNE VIEILLESSE PRÉCOCE

Si les histoires migratoires et les trajectoires individuelles sont forcément singulières, ces immigrées âgées partagent une expérience commune : vieillir en terre étrangère. Ce sont les invariants de cette expérience que Laura Kossi, chargée de mission au CRPVE, et Smaïn Laacher ont cherché à débusquer. Pour l’écrasante majorité des femmes rencontrées, l’avènement de la vieillesse s’annonce par un amoindrissement – précoce – des facultés. On devient vieille quand le corps lâche, « qu’il ne permet plus de satisfaire aux activités ordinaires (ménage, courses) qui faisaient l’honneur et la dignité des femmes dans ce type de communauté », commente le sociologue. Les emplois usants que ces femmes ont pu occuper, leurs tâches domestiques non moins harassantes et de multiples grossesses les ont fatiguées prématurément.

L’entrée dans la vieillesse est un moment-clé de révélation de l’existence du droit, puis, dans un second temps, des conditions qu’il faut réunir pour en faire usage, c’est-à-dire pour accéder à ses droits, explique Laura Kossi. La vieillesse est en effet spontanément et profondément associée à la retraite. Et cette dernière à l’administration française – autrement dit une « machine à la fois inquiétante et obscure, impossible à déchiffrer seule ». Ne pas savoir lire ni écrire constitue déjà un handicap rédhibitoire – ressenti comme une honte qui n’est jamais évoquée sans une émotion considérable. A cela s’ajoutent toutes les preuves qu’il faut réunir (reconstitution de carrière lorsqu’il y en a eu une, justificatifs de toutes sortes issus de multiples administrations françaises et du pays d’origine) et les épreuves à affronter dans des démarches qui paraissent interminables. « On comprend dès lors l’insistance avec laquelle les centres sociaux et les associations sont sollicités pour venir en aide à ces femmes bien souvent démunies de toute compétence linguistique et scolaire », note Laura Kossi. Accès aux caisses de retraite, mais aussi demande de couverture maladie universelle (CMU) et d’allocations diverses, procédure de naturalisation, etc., les requêtes de ce public sont multiples. Les travailleurs sociaux expliquent de façon quasi unanime y répondre comme ils le font avec n’importe quel autre usager, femme ou homme, jeune ou vieux. « Les entretiens collectifs menés avec les professionnels des centres sociaux dévoilent à grands traits une absence de prise en compte spécifique des femmes âgées immigrées », souligne Evelyne Bouzzine. Sous couvert du principe d’universalité, les rapports que les travailleurs sociaux entretiennent avec ces femmes sont essentiellement techniques, alignés sur la prise en charge de populations aux caractéristiques pourtant très différentes. Les femmes âgées qui fréquentent le plus assidûment les associations ayant en charge les « problèmes des immigrés » sont celles qui paraissent le mieux connaître les univers institutionnels et associatifs français.

Deux grandes tendances semblent se dégager en matière d’accès aux droits, et dans une certaine mesure aux soins. Les auteurs de l’étude dégagent une ligne de partage entre les femmes qui vivent en France depuis longtemps et les rejoignantes de plus fraîche date. Les premières, Maghrébines ou Subsahariennes, auraient bénéficié de quelques cours d’alphabétisation et d’une plus grande familiarisation à la vie sociale et administrative française, notamment grâce à l’aide de leurs enfants. Elles sont relativement bien insérées dans des réseaux associatifs, connaissent un peu l’univers institutionnel des soins et peuvent se déplacer assez librement pour effectuer des démarches ou rendre visite à un voisin ou à un membre de la famille. Les secondes sont arrivées dans les années 2 000 du Maroc ou d’Algérie. Le plus souvent issues du monde rural, elles ont été très peu ou pas du tout à l’école. Leur seul univers est l’enceinte domestique, leurs seuls liens quotidiens, les liens familiaux (époux et enfants). Ces femmes assez peu connues des services sociaux sont le plus souvent absentes de l’espace public. Ce n’est pas uniquement de leur fait, mais en raison des réticences de leur mari à les laisser sortir. Cet époux les accompagne pour la moindre démarche sociale et/ou administrative, moins pour les aider et les seconder dans leurs difficultés, que pour maintenir sur elles un contrôle aussi total que possible.

Qu’elles vivent en couple ou bien seules – après un divorce, le décès du mari ou son départ au bled –, la quasi-totalité des femmes rencontrées habite en HLM, souvent dans l’appartement dans lequel elles ont élevé leurs enfants. « Elles n’osent pas demander d’en changer », fait observer Laura Kossi, et ce pour différentes raisons. D’une part, il y a le fait qu’elles tiennent à la superficie de ce logement : ces femmes sortent peu et elles ne veulent pas voir réduire à la portion congrue leur principal espace de vie où elles peuvent accueillir enfants et petits-enfants. D’autre part, un changement au résultat aléatoire et difficile à demander sans maîtrise du français ne leur fera pas gagner grand-chose en termes de montant du loyer. Sans compter que ce déménagement peut les contraindre à s’installer dans un nouveau quartier où elles se retrouveront sans repères et sans le voisinage largement communautaire avec lequel elles ont des liens sociaux et linguistiques. « Le logement a représenté un enjeu capital dans les années 1960-1970, car il conditionnait le regroupement familial. Maintenant, il permet de préserver une sociabilité et le capital de connaissances acquis sur les institutions du quartier », analyse Smaïn Laacher. Refuge protecteur, ce logement est l’un des outils fondamentaux qui empêchent cette population de tomber de la précarité dans la misère, ajoute-t-il. A contrario, la seule femme de cette étude qui habitait un studio du parc privé vivait dans un état de grand dénuement.

DES RESSOURCES MINIMALES

A l’instar de l’habitat, les ressources sont modestes, mais pas inexistantes. La majorité des femmes a exercé une activité professionnelle en France, très souvent pour la première fois. La caractéristique principale de cette carrière est la discontinuité : des emplois peu qualifiés de courte durée, par intermittence et pas toujours déclarés. C’est ainsi que, à l’heure de la retraite, les ressources officielles sont minimales et le soutien financier des enfants plus ou moins continu et régulier. En cumulant toutes les sources de revenus, familiales et institutionnelles(6), les femmes vivant en couple ont environ 1 200 € par mois pour le foyer, rarement plus. Les ressources de celles qui sont veuves ou divorcées vont de 780 à 1 200 €. Les femmes interrogées ne reçoivent pas d’aide de la mairie. Il y a le fait qu’elles ne savent pas à qui s’adresser – même si souvent, quand il faut se tourner vers les institutions, les enfants entreprennent pour elles les démarches appropriées. Mais la raison principale est peut-être qu’elles « ne veulent rien demander à personne », comme l’affirment plusieurs d’entre elles. Néanmoins, leurs faibles revenus sont compensés par l’éligibilité à la CMU – « une compensation qui n’a rien de négligeable, compte tenu de l’état de santé souvent très fragile de ces femmes âgées », fait observer Laura Kossi. Il n’empêche qu’une bonne part des immigrées rencontrées vit sous le seuil de pauvreté. Il s’agit plus particulièrement des femmes seules et/ou dont les enfants sont loin et eux-mêmes en proie à des difficultés.

De fait, comme la nature du logement habité et les prestations sociales, la famille est un rempart contre la grande précarité. « Les enfants constituent une sorte d’assurance vieillesse, explique Smaïn Laacher. Ils représentent une pluralité de ressources matérielles et symboliques […] qu’il faut savoir gouverner avec subtilité. » La séparation spatiale liée au fait que les enfants sont devenus grands oblige en effet chacune des parties à réaménager les relations dans un nouveau cadre de coopération et d’entraide. Si les enfants ne doivent jamais oublier qu’ils ont des parents, les mères âgées se rendent à cette évidence : les enfants « ont maintenant leur vie », c’est-à-dire « leurs problèmes à eux ». Aussi, pour ne pas les perdre, convient-il de ne pas leur apparaître comme « un poids ». Ces femmes se sont donné sans compter pour élever leurs enfants dans des conditions difficiles. « C’est pour ça qu’aujourd’hui ils ne me laissent pas tomber », commente une Algérienne de 74 ans. Il existe, bien entendu, des exceptions à cette règle, et quelques mères âgées regrettent avec une immense tristesse l’éloignement spatial et affectif de leurs enfants. Néanmoins, très majoritairement, les immigrées rencontrées ne sont pas confrontées à l’isolement. Beaucoup moins que les Françaises, estiment les professionnels du social qui parfois se rendent à leur domicile et les jugent mieux entourées.

MOURIR EN TERRE D’IMMIGRATION

Tant que les enfants sont là, pas trop loin et qu’ils pensent « encore à leur mère », on sait qu’on ne sera pas « une vieille sans personne ». Solidarité naturelle entre les générations et invocation de sa culture – « chez nous, ça ne se fait pas »(7) – concourent au rejet indigné de l’idée d’intégrer un établissement pour personnes âgées. Mme B., 66 ans, raconte d’ailleurs n’avoir pas demandé la naturalisation, dans un premier temps, car son mari lui avait dit qu’en tant que Française, « ils la forceraient à aller en maison de retraite ». C’est aussi parce que les enfants sont là qu’on terminera ses jours ici, contrairement à bien des maris. « La mère, ce n’est pas comme le père, les enfants ont toujours besoin de leur mère […]. Je ne peux pas partir au pays et les laisser. Qui va s’occuper de mes petits-enfants ? », fait remarquer l’une d’elles. En définitive, vieillir près des enfants et être enterrée en terre musulmane : pour le moment, et pour les femmes de cette génération, c’est ainsi qu’il faut clore son existence, même si cela ne va pas toujours sans conflits de loyauté. « Les femmes qui se portent bien vont dans leur pays d’origine une fois l’an – avec leur argent propre ou celui des enfants –, mais très majoritairement, elles n’y retourneront définitivement que mortes et ont d’ailleurs souscrit à cet effet une assurance rapatriement », détaille Laura Kossi. Puisqu’elles récusent quasi unanimement la « maison de vieillesse », comment appréhendent-elles une possible perte d’autonomie ? Les femmes interrogées réinventent avec simplicité le principe du maintien à domicile, évoquant la possibilité, pour l’Etat, de les « débrouiller », de « donner des sous à [leurs] enfants pour qu’ils dirigent les gens qui s’occupent d’elles ».

Ces enfants, qui sont la principale raison de rester en France, n’en sont toutefois pas la seule. « Rentrer pour faire quoi ? », « la mentalité, ce n’est pas pareil, ça me bloque », déclarent deux Marocaines. Le pays d’origine ne leur convient plus, parce qu’elles font à chaque voyage le constat d’un double manque, pointé par les chercheurs : d’une part, l’indigence des dispositifs de soins et, d’autre part, la négation des droits en général et du droit d’avoir des droits, en particulier. « Le retour pour les hommes est socialement plus vivable, expliquent Laura Kossi et Smaïn Laacher. Au pays d’origine, les espaces de sociabilité sont nombreux (café, mosquée, famille élargie) et l’espace public leur appartient […]. Ce n’est bien évidemment pas le cas des femmes qui anticipent sur les conditions qui seront les leurs en cas de retour : encore et toujours s’occuper du mari s’il est vivant et accomplir les tâches domestiques, qui seront fatalement accompagnées d’un rétrécissement de leur espace de sociabilité. »

POURQUOI RENTRER ?

Les femmes interrogées ne regrettent d’ailleurs pas d’avoir quitté leur pays, même si leurs conditions de vie, en France, n’ont pas forcément été simples et ne le sont toujours pas. Mais, « côté liberté, je préfère ici, franchement », affirme une Algérienne de 74 ans, même si elle admet qu’elle ne pouvait pas sortir sans l’autorisation de son mari. Il semblerait qu’au départ les femmes perdent plus que les hommes dans la migration : en France, elles n’ont pas comme les hommes le loisir de se retrouver au café et ne bénéficient plus des solidarités féminines qui existent au pays. Mais, à terme, elles se retrouveraient gagnantes. Au fil du temps et des expériences vécues dans le pays d’accueil, celui où elles sont nées leur apparaît comme « un pays incapable de dispenser (même en théorie) liberté personnelle, protection juridique et droits sociaux et culturels reconnus à l’autonomie de la volonté. Un pays qui ne se soucie d’aucune manière de ses vieilles et de ses vieux », soulignent les chercheurs. En France pour le restant de leurs jours, ce qu’elles veulent, c’est vivre dignement. Les politiques sociales ne sauraient ignorer leur vulnérabilité.

Un échantillon diversifié

Le panel de l’étude du Centre de ressources Politique de la ville en Essonne (CRPVE) est constitué de 62 femmes âgées de 53 à 79 ans, qui sont mariées, veuves ou divorcées et mères de trois à dix enfants (à l’exception de deux d’entre elles, divorcées, qui n’avaient pu en avoir). Ces immigrées viennent majoritairement du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) et, dans une moindre mesure, d’Afrique subsaharienne (principalement Côte-d’Ivoire, Sénégal, Mali et Mauritanie). Leur arrivée en France, alors qu’elles avaient entre 20 et 35 ans, s’est échelonnée de 1968 à 2010, avec une forte concentration dans la période 1974-1990, qui fait suite à l’autorisation du regroupement familial. Les femmes interviewées – en arabe dialectal ou en français – habitent toutes dans des quartiers prioritaires situés dans différentes communes d’Ile-de-France(8), ainsi qu’à Compiègne (Oise), à Nantes ou à Strasbourg. « Nous n’avons donc pas rencontré de femmes vivant dans des quartiers non concernés par des contrats urbains de cohésion sociale, ou dans l’habitat indigne et diffus », souligne Laura Kossi, chargée de mission au CRPVE. Une précision importante au regard du rôle de filet de protection que joue le logement social où vit la très grande majorité de ces femmes, et de la densité associative dans les quartiers en politique de la ville. Les personnes contactées l’ont d’ailleurs été par le biais d’associations qu’elles fréquentent de manière plus ou moins régulière – centres sociaux, service municipal de retraités, associations culturelles ou d’aide aux migrants. A quatre exceptions près, les entretiens (individuels ou collectifs) ont eu lieu dans des locaux associatifs. Mais, le CRPVE a aussi recueilli le témoignage d’une quarantaine de travailleurs sociaux, parmi lesquels des assistantes de service social, des coordinatrices de développement social urbain, etc., qui voient ces femmes immigrées âgées à leur domicile. « Leur point de vue nous a été d’autant plus précieux qu’il proposait un regard à la fois direct et pratique sur l’espace domestique et les conditions d’existence » des intéressées, précise Laura Kossi.

Notes

(1) « Femmes immigrées : l’entrée dans la vieillesse » – Etude sur le vieillissement des femmes immigrées dans les quartiers en politique de la ville – Mars 2014 – Recherche soutenue par la direction de l’accueil et de l’accompagnement des étrangers et de la nationalité (DAAEN), le conseil régional d’Ile-de-France et le conseil général de l’Essonne – Disponible sur www.crpve91.fr/Publications/Vieillesse_femmes_immigrees.pdf.

(2) Rapport d’information n° 1214 – Disponible sur www.assemblee-nationale.fr – Voir ASH n° 2818 du 12-07-13, p. 16.

(3) Rapport réalisé par Olivier Noblecourt, alors adjoint au maire de Grenoble, à la demande du ministère des Droits des femmes.

(4) Cette proposition préconise de « développer les actions d’aller-vers destinées à l’accompagnement sanitaire et social des femmes âgées isolées, souvent invisibles ».

(5) Elle est restituée le 16 octobre à l’Espace picard pour l’intégration, à Amiens – www.epi-centre.org.

(6) Retraite personnelle et complémentaire, pension de réversion en cas de veuvage, allocation de solidarité aux personnes âgées, aide personnalisée au logement, pension d’invalidité (versée lorsque la retraite est liquidée).

(7) Affirmation démentie par Smaïn Laacher : il y a des maisons de retraite dans les trois pays du Maghreb.

(8) Athis-Mons, Corbeil-Essonnes, Epinay, Evry et Massy (Essonne) ; Argenteuil et Sarcelles (Val-d’Oise) ; Alfortville, Villeneuve-St-Georges, Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) ; Gennevilliers (Hauts-de-Seine).

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