Dans son roman Samba pour la France, Delphine Coulin, alors bénévole à la Cimade, racontait le parcours chaotique d’un des sans-papiers qu’elle avait accompagnés(1). Son héros était un jeune Malien pour lequel elle se battait bec et ongles afin d’obtenir une régularisation. Dans l’adaptation cinématographique qu’en font les désormais célèbres Eric Toledano et Olivier Nakache, qui avaient écrit et réalisé Intouchables(2), Samba, interprété par Omar Sy, est d’origine sénégalaise. A la trame narrative – le jeune homme doit réussir à survivre dans un Paris hostile où la police risque à tout moment de le contrôler, alors qu’il est soumis à une obligation de quitter le territoire français (OQTF) – s’ajoute une tendre histoire d’amour. Samba, c’est donc à la fois l’histoire d’un sans-papiers débrouillard, de sa famille et de ses copains de galère, et celle d’Elise, une jeune femme un peu paumée devenue bénévole après avoir fait un burn-out, et qui ne saisit pas bien les règles de la « distance professionnelle ». Elle est, selon Samba, « différente des autres bénévoles, spéciale, car elle n’est ni une étudiante en droit piercée ni une vieille dame esseulée ». Pour sa part, Elise découvre un univers dont elle était très éloignée, et notamment que les étrangers sans papiers, « ils en ont plein, des papiers, mais pas les bons ». Ces deux êtres que tout sépare vont se découvrir, se perdre, se retrouver, et vont voir leur vie changer. A ces portraits, aux aventures que vivent ces deux anti-héros, les réalisateurs ajoutent leur touche : de la musique rythmée et de l’humour. Le film contient quelques clichés, mais il est plein de fraîcheur et a le mérite de montrer dans une fiction grand public la réalité des centres de rétention et le quotidien de ces femmes et hommes qui quittent leur pays pour des raisons économiques sans trouver l’Eden auquel ils aspiraient.
Samba
Eric Toledano et Olivier Nakache – 1 h 59 – En salles le 15 octobre