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Combattre l’éloignement durable du marché du travail: les préconisations du COE

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Alors que le gouvernement et les partenaires sociaux ont annoncé, dans le cadre de la conférence sociale de juillet dernier, leur volonté d’agir pour les personnes éloignées de l’emploi, le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) a identifié à leur intention, dans un rapport qu’il a rendu public le 2 octobre(1), des leviers d’action pour mieux prévenir et combattre l’éloignement du marché du travail. En la matière, « tout le monde peut mieux faire: les entreprises, les pouvoirs publics nationaux et locaux, les services sociaux, les associations », estime la présidente du conseil, Marie-Claire Carrère-Gée.

Environ deux millions de personnes concernées

Le COE évalue à deux millions le nombre de personnes concernées par l’éloignement durable du marché du travail. Il s’agit, pour la plupart, de personnes qui ont connu une interruption de carrière due au chômage et restent durablement dans cette situation (si les seniors sont, à cet égard, les plus exposés en raison d’un taux de retour à l’emploi très faible, les personnes non ou faiblement diplômées et les licenciés économiques sont aussi particulièrement touchés). Mais on trouve également des personnes qui ne sont jamais entrées sur le marché du travail – en particulier des jeunes qui ne sont durablement ni en emploi, ni en formation –, ont interrompu leur activité pour s’occuper de leurs enfants (et voudraient retravailler) ou bien qui sont en situation de handicap ou ont connu des problèmes de santé.

Le rapport relève par ailleurs que l’éloignement prolongé du marché du travail entraîne de multiples conséquences négatives pour les personnes concernées: « apparition ou aggravation de difficultés professionnelles; situations fragilisées sur les plans économique, psychologique, social, voire sanitaire; discriminations; regard de moins en moins compréhensif porté par la société sur les situations d’exclusion ». Il s’agit, de surcroît, d’un processus qui « s’autorenforce »: « l’éloignement crée de l’éloignement ». En conséquence de quoi les probabilités de retour à l’emploi des populations concernées sont faibles, avec un possible impact durable sur les carrières.

Le COE note, au passage, que l’accompagnement vers l’emploi n’est pas systématique. « Une part significative des personnes éloignées du marché du travail n’est pas inscrite à Pôle emploi et ne bénéficie pas d’un accompagnement professionnel », déplore ainsi l’instance consultative. « Cela alors même que, compte tenu des conséquences si négatives de l’éloignement, tout doit être fait pour favoriser un retour rapide vers l’emploi. »

Réduire les risques d’éloignement

Face à cette situation, il conviendrait en premier lieu, selon le COE, de « mieux anticiper le retour sur le marché du travail », notamment pour les personnes dont le retrait du marché du travail est temporaire. Telles celles qui envisagent de s’arrêter de travailler pour élever leurs enfants – qui pourraient être mieux informées sur les difficultés susceptibles d’être rencontrées pour retrouver ultérieurement un emploi – ou les personnes qui ont connu des problèmes de santé impliquant un arrêt de travail durable – dont le retour devrait pouvoir être préparé bien en amont de la reprise d’activité, par exemple pour identifier les actions spécifiques nécessaires (bilan de compétence, formation, aménagement de poste ou de l’organisation du temps de travail).

Le conseil préconise également d’accélérer la recherche d’emploi pour l’ensemble des personnes présentant un risque d’éloignement. Et plaide aussi pour que « les institutions du service public de l’emploi, de même que les services sociaux lorsqu’ils prennent en charge une personne », s’assurent que les demandeurs d’emploi ne restent pas longtemps sans avoir eu un contact avec le monde du travail (travail en entreprise, stage, période d’immersion, contrat aidé, formation…).

L’instance estime encore que les actions de recherche d’emploi ne doivent pas être subordonnées par principe à la résolution des freins dits « périphériques » (addiction, etc.). « Certaines personnes rencontrent des problèmes tels qu’un retour immédiat à l’emploi n’est pas envisageable. Cependant, une action en vue de l’insertion ou de la réinsertion professionnelle doit pouvoir, dans la grande majorité des cas, être menée en parallèle » de l’accompagnement social, indique le rapport. Mieux articuler accompagnement social et professionnel « suppose de renforcer la coordination des acteurs et de mieux définir le rôle de chacun ». A ce sujet, « le développement de l’accompagnement global en cours dans un grand nombre de départements, dans le cadre du protocole signé par l’Assemblée des départements de France, Pôle emploi et la délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle[2], va dans la bonne direction », estime le COE, regrettant toutefois que les moyens qui lui sont consacrés soient « beaucoup trop faibles, avec un nombre très limité de conseillers dédiés à ce type d’accompagnement renforcé dans les départements qui le mettent en œuvre et, au total, un nombre de bénéficiaires peu significatif par rapport aux besoins ». Le rapport présente ainsi plusieurs pistes à approfondir « afin d’accroître les moyens consacrés à l’accompagnement à coût réduit ». Il suggère, par exemple, d’expérimenter avec Pôle emploi une action citoyenne auprès de ses référents afin de leur permettre de bénéficier de l’appui d’associations et de bénévoles. Le conseil donne l’exemple de l’association Solidarités nouvelles contre le chômage, avec laquelle Pôle emploi a signé une convention.

Ramener vers l’emploi

Le COE avance par ailleurs plusieurs propositions afin de « ramener vers l’emploi les personnes qui en sont durablement éloignées ». Il estime notamment que la valorisation des compétences acquises en dehors du monde professionnel est trop limitée. « Des jeunes qui n’ont jamais travaillé en entreprises, par exemple, disposent toujours de compétences liées à leur expérience “dans la vie”: responsabilités familiales, engagement associatif, initiatives extrascolaires, etc. » Pour le COE, des acteurs, tels que l’Agence du service civique, des associations, l’Education nationale et les partenaires sociaux, pourraient être mobilisés pour élaborer un référentiel de ces « compétences informelles ».

Autre levier d’action identifié: le développement de l’alternance pour les adultes qui, selon le COE, « pourrait être bénéfique, non seulement pour les personnes désireuses d’acquérir une qualification ou une certification et suivre une action de formation, mais aussi pour de nombreuses entreprises et pour des secteurs qui peinent à recruter ».

Le conseil estime encore qu’il faudrait réexaminer les conditions dans lesquelles les diplômes ou qualifications, à juste titre exigées pour l’exercice de certaines professions, peuvent être obtenus. « La réussite pour certains diplômes est parfois conditionnée à l’acquisition, pas toujours justifiée, de compétences de nature très “scolaire” », indique le rapport. De plus, « la formation aux compétences nécessaires pour exercer ces professions pourrait être, dans certains cas, acquise par l’expérience en entreprise ou en milieu de travail et reconnue par d’autres méthodes que l’acquisition d’un diplôme en formation initiale » (par exemple par la validation des acquis de l’expérience).

Enfin, le COE estime que les entreprises devraient être davantage incitées à combattre les a priori, voire les discriminations, afin que les personnes durablement éloignées du marché du travail ne soient pas écartées des processus de recrutement.

Notes

(1) L’éloignement durable du marché du travail – Conseil d’orientation pour l’emploi – Disponible sur www.coe.gouv.fr.

(2) Voir ASH n° 2854 du 4-04-14, p. 6.

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