Handicap : des directions en mutation

Quarante ans après la loi d’orientation de 1975 en faveur des personnes handicapées et « au moment de passer le témoin, notre génération professionnelle, fondatrice du champ, a-t-elle assez réfléchi à ce que signifie “accompagner” ? », interroge Odile Baton, présidente du Groupement d’études et de recherche des directeurs d’institutions pour infirmes moteurs d’origine cérébrale (Gerdic), à l’origine de cet ouvrage collectif publié sous sa houlette. C’est plus précisément sur l’évolution des fonctionnements institutionnels et, en particulier, sur la façon dont eux-mêmes vivent, ou ont vécu, les transformations de la fonction de direction d’établissements ou services dédiés au handicap que se concentrent les différents auteurs. La loi 2002-2 rénovant l’action sociale et médico-sociale fait, notamment, l’objet de points de vue divergents. Plusieurs contributeurs témoignent du malaise que ce texte a fait naître chez eux. Ainsi, Françoise Casset, administratrice d’une association gérant un centre d’accueil médico-social précoce, pointe la « tonalité de défiance » de la loi vis-à-vis des professionnels du secteur et le « simplisme » du discours gestionnaire ambiant, qui « ignore ce que sont et ce qui fait les relations humaines, le tissu quotidien de la vie ensemble » dans une structure de soins et d’éducation spécialisée. Jean-Yves Auneau, qui a été pendant vingt ans directeur de foyers pour adultes infirmes moteurs cérébraux, reconnaît que plusieurs nouvelles obligations légales « nous ont bousculés », mais il estime très positifs la dynamique et le travail de clarification des objectifs qui se sont ensuivis.