Une présence physique d’une journée, à proximité de l’Assemblée nationale, pour, à l’approche de l’examen parlementaire du projet de loi de finances pour 2015, interpeller les députés et les inviter au dialogue. C’est par cette nouvelle mobilisation, le 2 octobre à la veille d’un nouveau « plan hiver » de l’hébergement, que les 34 associations du Collectif des associations unies pour une nouvelle politique du logement ont décidé de remonter au créneau sur la situation du mal-logement et la crise du dispositif d’hébergement. Une énième action « coup de poing », alors que l’accès au logement des plus démunis fait partie des priorités affichées par l’Etat depuis 2007. Malgré les nouveaux engagements pris par le gouvernement, les réponses traînent. Pour preuve : selon le baromètre du 115 établi par la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS), un appelant sur deux au numéro d’urgence reste sans hébergement. Et la situation s’est « fortement dégradée depuis l’hiver avec une augmentation de 13 % des personnes sans solution, [puisque] cet été, 8 000 personnes en moyenne en juillet et en août se sont vu refuser chaque mois un hébergement, contre 7 000 cet hiver ».
Les associations espèrent obtenir « une inflexion sociale du budget 2015, alors que la priorité donnée à la lutte contre l’exclusion en début de quinquennat s’est déplacée vers les classes moyennes et supérieures », explique Florent Gueguen, directeur général de la FNARS. Pour parvenir à sortir de la gestion saisonnière du dispositif d’hébergement, la ministre du Logement a bien, début septembre, confié une mission au délégué interministériel pour l’hébergement et l’accès au logement, visant à l’élaboration d’une instruction aux préfets (voir ce numéro, page 11). Une expérimentation doit être lancée dans seulement trois territoires non « tendus » pour, notamment, chercher des alternatives à l’hébergement à l’hôtel. Une solution par défaut dont les effets alarmants viennent d’être dénoncés par le SAMU social de Paris (voir ce numéro, page 15). « Nous demandons un changement radical, que l’Etat donne des consignes sur les modalités d’accueil et d’accompagnement durant l’hiver », poursuit Florent Gueguen. Or les inquiétudes sur la volonté politique de « changer de culture » sont d’autant plus grandes, souligne-t-il, que l’Etat aurait « décidé d’une rallonge de 56 millions d’euros pour l’hébergement d’urgence, en siphonnant des crédits dédiés au logement accompagné ». Une orientation contraire aux promesses de Sylvia Pinel et à la circulaire budgétaire parue en avril dernier. Lors de sa dernière assemblée générale, en juin , la FNARS a adopté une résolution qui fixe des conditions à l’ouverture de places – un accueil digne, 24 heures sur 24 et sans remise à la rue le matin, l’orientation des personnes vers un hébergement ou un logement à la fin de l’hiver –, et dont elle entend se servir pour faire pression sur les services de l’Etat. « Nous encourageons les associations à ne pas participer à la campagne hivernale si ces critères ne sont pas respectés, explique Florent Gueguen. Il ne s’agit pas de dire que nous refuserons d’accueillir des sans-abri, mais de poser nos conditions. C’est une posture nouvelle qui permet aux associations de débattre de leurs pratiques, de faire en sorte que leurs principes ne soient pas abandonnés au cours des dialogues de gestion. Nous ne souhaitons plus participer à la politique des portes tournantes ! » Selon lui, cette résolution devrait être votée dans une majorité d’associations régionales de la FNARS, et par des associations nationales adhérentes.
Au-delà, les associations, qui rappellent leur déception sur le « détricotage » de la loi ALUR, réclament toujours une loi de programmation de logements très sociaux. « Nous avons bien noté les annonces, lors du congrès de l’USH, visant à créer un programme annuel de 5 000 logements “super PLAI” [prêts locatifs aidés d’intégration], mais leur financement doit passer par la mutualisation des ressources des bailleurs. La mobilisation en faveur du logement des plus pauvres doit passer par une mobilisation de l’Etat ! », martèle Christophe Robert, délégué général adjoint de la Fondation Abbé-Pierre. Autre inquiétude : les restrictions du budget de l’ANAH (Agence nationale de l’habitat), qui entraînent une baisse des conventionnements dans le parc privé à vocation sociale. Par ailleurs, « nous attendons un engagement très fort de tous les acteurs pour reloger les 45 000 ménages prioritaires au titre du DALO toujours sans réponse, ajoute Christophe Robert. Pour l’instant, ce qui nous est présenté est très faible, sans objectif territorialisé ni engagement de l’Etat pour que ça marche. »
A un mois du début de la trêve hivernale, les associations craignent en outre une accélération des expulsions locatives. En matière de prévention, « quelles sont les réponses aux ménages ayant des difficultés pour se maintenir dans leur logement ? » Elles réclament de nouveau, dans le cadre du projet de loi de finances, une revalorisation des aides personnelles au logement, dont le montant a considérablement décroché du montant des loyers.